1963. Au festival de Newport ressuscité, Mississippi John Hurt, 70 ans, joue pour la première fois en public depuis qu’il est tombé dans l’oubli 35 ans plus tôt. La veille, Bob Dylan et Joan Baez ont inauguré les années 60 en chantant pour la première fois ensemble. Bert Jansch est au Maroc, et il vient de découvrir la Marie-Jeanne. Personne n’a encore songé à inventer le folk rock.
Au même moment, Dietrich Wawzyn, réalisateur pour la télévision allemande, parcourt le Sud des Etats-Unis de la Louisiane jusqu’à la Californie. Il a eu la bonne idée de contacter Chris Strachwitz du label Arhoolie Records, qui l’introduit à un roster dément de musiciens alors inconnus: Mance Lipscomb, Jesse Fuller ou Lightnin’ Hopkins.
Inspiré par Alan Lomax, dieu vivant de la génération hipster qui est en train d’émerger (les hippies sont encore loin, très loin), Wawzyn les filme en situation devant les porches des maisons misérables, dans les tavernes d’Houston, les temples protestants d’Oakland et les rues dégueulasses de Tucson.
Les images en noir et blanc qu’il ramène en Allemagne, Black Ace avec sa femme et son gamin dans son salon, l’Eureka Brass Band qui joue pour un enterrement à la Nouvelle-Orléans ou Lowell Fulsom qui enflamme un club de San Francisco, sont d’autant plus prodigieuses quarante-cinq ans plus tard que le monde qu’elles montrent à presque totalement disparu. On remercie Dangerous Minds pour le tip.
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