Le pire, c’est que ça risque de leur faire plaisir. Au lieu de recevoir leur habituelle ration de quolibets due, entre autres, à leur propension à arborer les pires tatouages du monde, des coupes de cheveux mémorables, à leur amour pour le Faygo ou encore, tout simplement, à leur incessant questionnement métaphysique, les fans d’Insane Clown Posse viennent de voir leur street cred’ boostée comme jamais: ils sont dans le colimateur du FBI.
Les fédéraux, toujours à l’affut du moindre pépin dans le Land of the Free, les ont en effet fait figurer dans leur rapport annuel consacré aux gangs. Ainsi donc, ami lecteur, toi même tu l’auras compris, pour les brillants cerveaux de Quantico, les Juggalos sont à peu près l’équivalent des Crips, des Bloods ou de l’Aryan Brotherhood.
Qui l’eut cru, hein ?
Car, sous ses dehors bonhommes et les dix-huit couches de peinture qui lui recouvrent la face, le fan d’ICP est un dangereux activiste. Un malade, un dingo, un vrai de vrai. Enfin, presque. Si le FBI a suffisamment les pétoches des Juggalos pour étaler publiquement ses craintes, il n’a pas totalement perdu le sens des réalités.
Le Bureau note en effet que, contrairement à la plupart des gangs qui sévissent sur le territoire américain, les camarades de Violent J et Shaggy 2 Dope sont, tout d’abord, “peu organisés” et, d’autre part, assez moyennement violents puisque qu’au lieu des meurtres et autres trafics à grande échelle qui sont le lot quotidien de la criminalité traditionnelle, ils se contentent de petits vols, de deals “de la main à la main”, d’usage de stupéfiants et de… menaces.
Bon, ça a certes de quoi faire trembler mémé devant sa téloche au fin fond de son Ohio natal, mais comparé aux états de service de la Mara Salavatrucha (la MS-13), gang mexicano-américain plutôt branché règlements de comptes bien sanglants, c’est assez maigre.
Cela dit, une lecture un peu assidu du rapport fait ressortir la vraie raison de la présence des Juggalos en son sein: ils se développent. Pire, ils se démultiplient. Et, bien évidemment, c’est la faute d’Internet. Avec les réseaux sociaux, la bonne parole d’ICP parcoure les 50 états à une vitesse phénoménale et gagne chaque jour de nouveaux disciples. Sur ce point, on ne peut que saluer l’initiative du FBI.
Car, voyons les choses en face: si rien n’est mis en œuvre pour stopper l’hémorragie, un beau jour, peut être pas si lointain, en sortant de chez vous, ils seront là. A la Poste, derrière les guichets, à la boulangerie, vous tendant votre demi-baguette pas trop cuite en lançant un petit woop woop, à la banque, vous reprochant vos plongeons trop réguliers dans le rouge… Tout tartinés de noir et de blanc, ils auront pris le contrôle et ce sera trop tard: les Juggalos domineront la planète.
Est-ce le monde que nous souhaitons laisser à nos enfants ? Rien n’est moins sûr.
Alors, merci, chers agents fédéraux, d’avoir à cœur de nous protéger du mal qui ronge nos belles démocraties, et pardon d’avoir douté de vous.
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