Au début des années 2000, Genesis P. Orridge s’installe à Brooklyn avec sa femme, Lady Jaye (Jacqueline Breyer), artiste et dominatrice SM de profession.
Ils décident de faire de leur union une performance longue et irréversible : la pandrogynie, ou transformation de l’un en l’autre et inversement, à grands coups de scalpels.
Pour le dire autrement, Genesis et sa compagne débutent une série d’opérations de chirurgie plastique afin de se ressembler trait pour trait.
Ils proposent à la réalisatrice Marie Losier de filmer le processus.
Résultat : un documentaire arty très mignon et très bizarre réalisé pendant six ans dans l’intimité du couple, d’où ses faux airs de film de famille. The Ballad of Genesis and Lady Jaye, déjà projeté dans plusieurs festivals (dont Cinéma du Réel au printemps dernier à Paris) est sorti mercredi 26 octobre sur une sélection d’écrans (pas beaucoup à vrai dire).
Freak absolu, pape de la musique indus dans les ’70-’80, performer iconoclaste vite classé parmi les artistes obscènes et dégénérés, Genesis P. Orridge n’est plus vraiment à présenter (surtout qu’il dispose d’une honnête page wikipedia). Le film chronique d’ailleurs, en archives, sa vie passée avec Throbbing Gristle ou Psychic Tv (reformé en 2003 et que la caméra suit en tournée).
Mais le voir au quotidien, amoureux fou de la jolie Lady Jaye, en plein processus trans (il passe vite aux implants mammaires, l’opération a lieu le jour de la St Valentin 2003), c’est tout autre chose. Surtout dans ces images, souvent instables, tournées à la Bolex 16mm, sur ou sous-exposées, traversées de flares (reflets) et montées plan sur plan. Et aussi parce que le personnage principal du film de Marie Losier ce n’est pas lui, Genesis, ni Lady Jaye, mais eux, ce projet fou aux limites de l’art corporel, de l’amour fusionnel et de la biologie expérimentale.
On ne vous raconte pas la fin, mais ça vaut le déplacement, ne serait-ce que pour soutenir les prochains films de Marie Losier (auteur d’une vingtaine de films dont des portraits des cinéastes radicaux Guy Maddin ou Tony Conrad).
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