Tous les historiens, les survivants et les spécialistes vous le diront: en 1978, l'utopie disco, c'était mort de chez mort. Passé des lofts privés de downtown Manhattan aux rollers disco du Midwest, des night clubs gay aux chambres des gamines, vampirisé par la télé et les pires ringards de l'establishment pop, le mouvement produisait encore hebdomadairement son lot de merveilles mais n'avait pas encore engagé son deuxième âge d'or dans les souterrains.
En 1978, en revanche, le disco était à son pinacle de rentabilité. Les billboards dégueulaient de références Salsoul ou Philly International, les boîtes étaient blindées, les maxis 45 tours se vendaient par palettes en bois. Ce big business méconnu de l'Américain moyen de la fin des années 70, c'est le sujet de ce reportage charmant, produit et présenté par Dan Rather pour l'institution 60 Minutes de CBS. Et on vous en parle parce qu'il vient de réemerger sur Youtube et que derrière les images croquignolettes du mythique journaliste américain au Studio 54, il n'enfile pas que des idioties.
Après nous avoir expliqué que, contrairement à la "croyance populaire", la "folie disco" ne serait pas née avec le succès de Saturday Night Fever ("il faut revenir à Elvis Presley, aux Beatles, au rock'n'roll"), Rather explicite en effet sans le savoir une révolution industrielle, technique et artistique dont les effets allaient durer bien plus longtemps que la carrière de Karen Young. Entre autres décryptages, on peut entendre que ce qu'il faut pour faire animer un dancefloor, c'est des basses profondes et des "hooks" faciles à retenir ou que le miracle marketing de l'industrie disco, c'est qu'elle n'a plus besoin de la radio pour vendre des disques... A mi-parcours surtout, Dan Rather nous explique à quel point le mixage d'un morceau disco peut changer la donne (la séance en studio avec le producteur à moumoute et les DJs consultant vaut son pesant de cacahuètes). Quand on songe à la révolution sonique et culturelle initiée par Nile Rodgers le jour où il força son ingé son à descendre le son de la grosse caisse du Freak en dessous de 50 herz, on est presque pantois: oui, il fut une époque et un endroit où les journalistes de télévision savaient faire leur boulot.
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