Passé en un disque évaporé du statut d'obscurité post-punk sympa à objet indie chic ultime de 2007 (rappelez-vous cette courte parenthèse enchantée où l'on pouvait entendre de l'italo disco dans les bars parisiens), Chromatics est un mystère un peu insondable: à la fois le truc le plus désincarné et poseur que pouvait nous proposer l'Amérique qui se déplace en vélo à pignon fixe et une proposition vraiment dense, noire et captivante de succédané 80s sous les spotlights. Pour faire vite, Chromatics nous agacent pour les poses et les clips en faux-VHS, mais on ne peut s'empêcher d'admirer la grâce qui se dégage malgré tout de leur italo pas disco camp et délavé.
Maintes fois repoussé, leur nouvel opus bien pansu (90 minutes de musique à l'heure où plus personne n'écoute plus de trois chansons du même artiste à la suite, chapeau les artistes) est en écoute intégrale depuis ce matin, et on est une fois de plus sous le charme malgré les minaudages, les cocottes de guitare et l'autotune.
Plus que jamais obsédé par la déliquescence de cette bonne vieille psyché américaine, le groupe commence même son album par une reprise du classique "Into the Black" de Neil Young ("Hey hey, my my, rock'n'roll will never die") et nous emmène assez loin dans les profondeurs, ambiance shoot d'heroïne dans un motel de Pasadena en 1983. Même un 8.7 sur Pitchfork ne nous gâchera pas trop le plaisir.
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