"Je ne ressens aucune sympathie ou inimitié particulière pour la scène alternative de New-York. En fait je m'en fous. (...) Tout ce que ça m'évoque, c'est une rebellion temporaire de futurs consommateurs".

"La musique alternative, j'en ai rien à foutre. Pour moi c'est une autre manière de rentrer dans la norme".

Voilà comment en 1992 et en 1997,  respectivement sur MTV (à l'époque où il sortait le merveilleux Love of Life) et une chaîne de télévision tchèque (juste avant que Swans dans sa plus célèbre mouture se sépare), Michael Gira annonçait avec deux décennies ans d'avance ce triste paradoxe qui rend notre époque musicale aussi désespérante et mélancolique que notre époque politique: la musique alternative est devenue une norme plus cynique et contraignante encore que la norme mainstream contre laquelle elle s'était constituée.

Et si on vous ressort ces deux interviews aujourd'hui, ce n'est pas pour le plaisir de vous ressortir notre triste rengaine sur l'indie rock (RIP jusqu'à nouvel ordre) mais parce qu'on cherchait un moyen de vous parler à nouveau du (monumental et d'ores et déjà inénarrable) nouveau magnum opus du Swans 2.0 intitulé To Be Kind à sortir en début de semaine prochaine (et en écoute maintenant tout de suite sur le site de la NPR) en vous épargnant la simili chronique -  puisque la seule chronique qu'on a envie d'écrire c'est "COURREZ L'ACHETER LE BORDEL A CUL DE POMPE A MERDE".

Comme les spectateurs de notre propre interview du bonhomme (réalisée par David Pais en 2010, à mater ou rematez ci-dessous) le savent déjà, Michael Gira est un superbe client en interview - rétif mais scrupuleux, exigeant, articulé - et donc le meilleur vendeur possible de la musique toujours aussi puissante, précise et conceptuellement quadrillée de Swans. En bref: matez, écoutez, appréciez, achetez. Vous aurez beau vous creuser le ciboulot, vous ne trouverez pas une nouveauté discographique en magasin plus estimable en ce joli mois de mai.