Quand en 2016 on est rentré au concert complet de Kamasi Washington à la Cité de la musique (1200 personnes et des brouettes), un collègue a regardé la salle avec un air dégoûté et nous a dit "je suis sûr qu'il n'y a pas 5% des gens présents qui a déjà écouté un disque d'Ornette Coleman". Si on met de côté cette réflexion légèrement élitiste (qui a dit que c'était un défaut ? Vous ? Pas moi en tous cas), il y a fort à parier que ce genre de pensées doit traverser l'esprit de quelques fans de la première heure de Thee Oh Sees. Plutôt que d'ergoter sur le succès public actuel du rock pété de reverb et ses signes annonciateurs (les slims, Jack White, le fiasco des baby rockers, l'alcoolisme mondain et quelques D.A de marques de fringues avec des goûts un peu moins à chier que la moyenne de leurs collègues), on se félicitera de voir des chats de gouttière donner un peu de fil à retordre aux nouveaux Phil Collins du rock'n roll (Josh Homme, Black Keys et autres Father John Misty, mais ça on y reviendra).


Retour en playlist sur la happy family qui a annoncé la déferlante Reatard, Oh Sees, Segall, King Khan, Gizzard & co...

The Gories

The Gories - House Rockin' -1988 Full Album-

31:07

Commençons par rendre à César ce qui lui appartient. Enfin en l'occurrence à Mick Collins (The Dirtbombs), Dan Kroha (Demolition Doll Rods) et la batteuse Peggy O'Neill. Si le groupe de Detroit ré-enchaîne les tournées depuis quelques années (magie des années où vous n'échapperez à aucune reformation), il n'a originellement sévi que 7 petites années (1986-1993). Le temps de sortir des albums de la trempe de ce House Rockin' famélique, bosser avec Alex Chilton et faire tout le contraire de Depeche Mode : jouer du rock dégueu, chanter comme un pilier de bar et jouer de la batterie comme un Pierrafeu.

The Wipers

Youth Of America - The Wipers (1981)

10:30

Monté à Portland à la fin des 70's par un élément clé quoique méconnu de la scène punk US, Greg Sage, The Wipers sonnent, pour faire très simple et grossier, comme une version pré-punk hardcore des Ramones baigné d'un sentiment de dépression typique des régions pluvieuses de la côte Ouest américaine. Un son qui allait marquer toute une génération de kids mal dans leur peau, un grand blond christique avec une chemise à carreau en tête (pas Jessica93, quoique).

The Oblivians

Oblivians Bad man

02:44

Vous voyez ce sentiment de participer à une boum pour adultes alcoolisés qui s'emparent de votre corps quand vous écoutez Jay Reatard ? Et bien vous pouvez dire merci pour ça à The Oblivians. Grands frères de toute la scène de Memphis, têtes de lards patentées qui échangeaient les instruments comme les chemises (enfin façon de parler) et envoyèrent chier les Sun Studios qui leur proposaient une session gratuite d'enregistrement à conditions qu'ils recrutent un bassiste, le trio s'attaqua même au Gospel sur leur dernier album enregistré aux côté de Mr Quintron. S'ils s'étaient formés en 2017, seraient-ils devenus énormes ? Avec des "si", on en ferait des choses hein...

Chrome

Chrome - Alien Soundtracks (1977) [Full Album]

42:04

Des synthés, des aliens, des pharaons, des mecs qui tirent la gueule avec des petits foulards ? Oui il y a tout ça dans Chrome, influence grosse comme le nez au milieu de la figure des travaux solos de Mr Dwyer et d'une partie des tâcherons du revival motorik.

The Spits

The Spits - self-titled #1 [Full Album]

17:20

Vous pensez que les groupes déguisés sont la plaie de l'humanité ? On ne peut vous en vouloir mais il serait bien dommage de vous passer des Spits, groupe formé au début des deux mille's et qui ressemblent au juste croisement entre Devo, Beavis & Butthead et ce mec chelou qui parle à tout le monde dans notre rue à Belleville.

Thee Headcoats

Thee Headcoats - Mantrap

01:56

Que serait Thee oh Sees sans Billy Childish ? Pas les mêmes ça c'est sûr. Au lieu de racheter des sacs bananes et des casquettes Fila, rappelez vous qu'une des meilleures choses de 1990 est ce disque de Thee Headcoats avec une pochette de Charles Burns.

Pussy Galore

Pussy Galore - Walk

05:05

Avant Boss Hog, avant le Blues Explosion, avant Royal Trux, Jon Spencer, Cristina Martinez et Neil Hagerty ont fait leurs armes chez Pussy Galore, un groupe de DC totalement déviant qui envisageait sérieusement des choses aussi directes qu'intituler un album "on va leur faire bouffer de la merde lentement". On ne leur fera pas l'affront d'appeler ça no-wave mais c'est globalement un des trucs les plus malsains que les américains ont produit.

The Mummies

The Mummies - Never Been Caught (Full Album)

37:11

Encore un groupe déguisé ? Et oui mais en momies ça ne compte pas. A peu près aussi attirés par la technologie que les vampires palôts de Jarmush, refusant au début des 90's que leurs disques sortent en compact discs (des visionnaires), les californiens ont publié des albums proches de la perfection baignés de surf music, de farfisa tout pété et ont rendu ce monde un peu meilleur.

Country Teasers

Country Teasers - Satan Is Real Again (Or: Feeling Good About Bad Thoughts) (Full Album)

42:51

Même si on a comparé souvent The Country Teasers à The Fall, il serait bien triste de ne pas accorder une place de choix au groupe écossais dans la généalogie des groupes qui se foutent de la gueule du monde avec une telle grâce éthylique. Personnellement mon groupe de country préféré.

The Intelligence

Intelligence - Flight of the donkeys

01:58

Le train du succès est parti sans eux. Malgré 18 ans de carrière, des albums aussi impeccables que ce Icky Terror qui sonnent comme si tous les instruments avaient été enregistrés en même temps sur un interphone de HLM, le groupe de Seattle doit bien se rendre à l'évidence : ils n'auront jamais de sommes à 5 chiffres sur leurs comptes en banque. Un groupe pourtant crucial dans l'histoire du garage contemporain.