Alors que sur une plage de de Malawi, Gasper Nali astique son gaffophonesque Babatoni sur une ritournelle afro-Clash, le quintette vénézuélien Quitiplas de Arenita frappe ses bambous sur la pierre et lance un coro-pregón (call-and-response) des plus efficaces. Ces objets sonores parfois non identifiés surgissent sous nos yeux au détour d’une recherche YouTube ou en déroulant le fil de news de notre page Facebook. Une poésie algorithmique du quotidien que l’on consomme en toute indifférence mais qui peut parfois être une révélation. C’est de cette manière que la plupart d’entre nous ont découvert les Mandolin Sisters, grâce à une furtive vidéo partagée sur les réseaux. Nos yeux ont d’abord accroché, peut-être à cause de leur saris rose bonbon ou de cette étrange gémellité. Puis nos oreilles, désensablées par cette dextérité extraterrestre : un cerveau, quatre bras, deux mandolines électriques. Tel un saumon de l’hémisphère nord, je suis remonté à la source pour décrypter cet ovni musical indien. Echange décontracté avec Sreeusha et Sireesha, les deux soeurs mandolinistes, qui représentent aujourd’hui la nouvelle incarnation de la musique carnatique.
D’où venez-vous et quels sont vos antécédents musicaux ?
Nous sommes originaires de Chennai, au sud de l’Inde. Quand nous étions petites, nous aimions regarder notre père jouer de la guitare très tôt le matin avant d’aller travailler. C’est en le regardant que nous avons pris goût à la musique. Quand il était au bureau, nous essayions de jouer, mais à cette époque nous devions avoir 4 ans et la guitare était plus grande que nous. Un jour il nous a vues, il a compris notre intérêt pour cet instrument et a décidé de nous apprendre la musique.
Votre père était votre premier professeur, avez-vous eu d’autres instructeurs ?
Oui c’est notre père, M. Thrimurthulu, qui a commencé notre apprentissage. Il nous a ensuite confiées à M. Rudraraju Subharaju, qui était le maître du légendaire mandoliniste U. Srinivas. Nous suivons maintenant et depuis une quinzaine d’années l'enseignement de M. Sengalipuram S.V. Ramamurthy Iyer, gourou très connu qui a formé de nombreux talents.
Est-ce que le fait d’être soeurs donne une nuance particulière à votre musique ?
Oui, c’est vrai, être soeurs influence certainement notre manière de jouer. Depuis que nous sommes petites, nos goûts et intérêts sont assez similaires. On se comprend naturellement dans de nombreuses situations, quand nous sommes sur scène ou quand nous voyageons. Mais personne ne prend l'ascendant sur l’autre. Nous discutons toujours toutes les deux de nos programmes musicaux ou de nos projets. Nous préparons toujours tout ensemble.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la musique carnatique ?
La musique carnatique est une forme de musique traditionnelle très systématique. Il existe de nombreuses pièces écrites par les compositeurs classiques. Dans la musique carnatique il y a sept notes (swaras) : Sa Ri Ga Ma Pa Da Ni, ce sont les sept piliers de cette musique. Des compositeurs classiques légendaires ont composé des centaines de ragas (cadres mélodiques) avec ces swaras. Ces ragas ont tous des noms différents, ils ont chacun un esprit qui leur est propre. Nous jouons cette musique carnatique de la manière traditionnelle. Mais en concert nous nous permettons parfois des interprétations un peu plus personnelles.
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