Les articles sur lui se comptent sur des doigts de manchot et c’est rien de le dire. Les années post-1967 sont passées à côté de Toussaint McCall et fait de sa carrière un éclair bien trop pâlot. Autant dire qu’on est bien contents de connaître ce secret trop gardé. Si sa maigre postérité résumée en trois lignes sur Wikipédia explique bêtement que son meilleur succès fut "Nothing Will Take The Place Of You", "rankée" à la 5e place des charts R&B US, nous on vous dit qu’il faudra gentiment dépasser cela pour écouter la compilation rééditée par Fuel 2000 Records, quarante ans plus tard, avec "My Love Is A Guarantee", "The Toussaint Shuffle", "(I Left My Heart) In San Francisco". Sans oublier son génial "Summertime" (celui de Gershwin repris mille fois) ou encore "I’m Undecided". Les 14 pistes sont à tomber.

Toussaint McCall Nothing Takes The Place Of You (1967) .wmv

Avec sa banane légendaire intercalée entre ses joues de premier de la classe, Mister McCall a toujours eu la dégaine gênante du gendre idéal. De lui, on ne sait quasiment rien, si ce n’est que le bonhomme est né en 1934 à Monroe, dans une Louisiane très raciste, qu’il est organiste et pas encore mort. Son année de gloire, McCall la vit grâce à un mec du coin. Et pas n’importe lequel puisqu'il s'agit de Stan Lewis dont le magasin de disques de Shreveport compte parmi ses habitués le jeune Elvis Presley. Chez Ronn Records, une filiale de Jewel que Stan a montée, McCall sort pendant cet été 67 I’ll Do It For You qui se classe dans le Top 30 R&B US. Si sa version de Nothing Will Take The Place Of You en est l’une des plus belles interprétations, devant celles d’Al Green, Isaac Hayes ou Brook Benton, ce second tube -aussi magnifique soit-il- ne sera pas celui derrière lequel on se retournera.


De Toussaint, on veut retenir le mélancolique Saigon To San Francisco, ressuscité il y a seulement deux ans, par Ace sur L.A. Soul Sides Vol.2, mais aussi samplé par un sacré boloss, Killa Kyleon. Le piano, les boucles, la voix sombre de McCall, le titre a tout pour cartonner. Il pue le hip hop orchestré par Statik Selektah et aurait sans doute sa place dans son No.8. Tant pis. Ace déterre aussi "I’ll Laugh Till I Cry" enregistré en 1970 sur le volume 1 de L.A Soul Sides et en 45 tours chez Kent Records. Influenceur à l’échelle d’un marche-pied, il reste parmi les chanteurs les plus talentueux de la soul sudiste des années 60, tout autant qu’Otis Redding ou James Carr selon certains puristes. Il fallait au moins le dire. Et si vous vous demandez ce que McCall a fait ces dernières années, sachez qu’il a essayé de revenir avec un album pas dégueu de funk Make Love To Me en 76 chez McGowan Records, qu’il a chanté à droite à gauche sans succès, et qu’il a maintenant 84 ans. Son oeuvre est à redécouvrir d'urgence

TOUSSAINT McCALL I'LL LAUGH TILL I CRY

TOUSSAINT McCALL - THE TOUSSAINT SHUFFLE

Toussaint McCall- My Love Is A Guarantee