Inpolysons est ce noble et toujours vivace vestige de l'époque bénie où les fanzines étaient moches, où les adresses n'étaient pas électroniques et où tout le monde se foutait du blaze et du visuel. Tout du moins, disons que tout ça passait après l'essentiel : toutes ces minutes d'enregistrements magiques qu'on pouvait encore se permettre d'emballer dans des boîtiers crystal souvent peu sexy.
Aujourd’hui que le label rennais passe au vinyl, personnellement j'ouvre le champagne. Légendaire comme un Moulin-Légume Moulinex, voilà un label complètement pur que Tokyo, Londres et les néerlandais nous envient. Car la vraie classe, c'est d'être la maison-mère des Look de Bouk et Guigou Chenevier / EtronFou Leloublan (adoubés par les légendaires Henry Cow et rentrés depuis longtemps au panthéon de Mutant Sounds - on en parlait hier) tout en continuant à gérer les commandes depuis un site web aux allures terrifiantes de html fin 90's.
Ce coup-ci, c'est donc un Toupidek Limonade qui sort en LP sous pochette chiadée : avant-free-rock mâtiné de chansons pataphysiques, imprévisible à souhait, avec de beaux plans Wyatt qui n'ont pas le goût de la pompe, du collage, de l'orgue électrique et des guitares désaccordées comme dans tout ce qui se fait de bon depuis 1986. Qui plus est, ça chante en français comme personne, et les breaks de synthé mongoloïdes ont un je-ne-sais quoi rabelaisien fleurant bon le parfum succulent de mes couilles sur la table.
Accessoirement, cette sortie qui a le bon goût de recadrer notre vision d'un label qui a plus à voir sur le fonds avec l'héritage aventureux de Recommended records qu'avec certains clichés piano-jouets (qu'il parvient souvent d'ailleurs à éviter même dans ses incursions plus orientées toy music). Dans cette maison bizarre on croise Pierre Bastien et Dragibus, Pauvros et Rocket Matsu (des Pascals) planqués dans les compiles, ainsi que quelques trucs légendaires et épuisés comme l'harmonica de André Robillard enregistré à domicile.
Puisque grâce à cet article, nos 320000 lecteurs vont soudain se passionner pour ce label, profitez-en pour raquer un max et commander le Fenech du même tonneau (Polochon Battle) tout en vociférant à tue-tête ce que le bon-sens semble dicter à l'esprit du temps: produisons français. C'était un message du ministère du redressement national de la production productive.
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