Pas la peine de demander à Elisa Pône comment elle a attrapé le virus de la pyrotechnie: son premier souvenir de feux d'artifice remonte comme vous, comme moi à un 14 juillet chez ses grands-parents et elle en a surtout retenue une esclandre entre sa grand-mère et un badaud dû à d'obscures raisons de visibilité.
Peu importe la raison de son obsession, donc (ou alors on vous laisse relier les fils): cette jeune plasticienne née en 1979 et résidant entre Lisbonne et Paris fait brûler, exploser, décoller des pétards, des fumigènes et des fusées pour briser la monotonie de la vie, peindre de la manière la plus explosive possible, jouer littéralement avec le feu et inverser le processus de la combustion en émanation de vie. En termes plastiques, ça veut dire qu'en plus de ses vidéos où elle fait exploser des gros pétards dans des voitures (cf. la vidéo ci-dessous), elle utilise des mèches qui se consument et des feux de bengale colorés pour peindre sur du papier, et un peu plus mystérieusement, faire de la musique.
C'est pour ça qu'on parle d'elle ici aujourd'hui: non contente de bricoler de l'électronique après avoir donné pendant des années du coffre et de la basse dans Meurtre (groupe no wave furieux qu'on a notamment pu entendre à Sonic Protest), Elisa Pône a décidé de faire de sa première exposition personnnelle à la Galerie 12 Mail un événement synesthésique, où les spectres lumineux du feu se transforment littéralement en musique par "la combinaison de technologies digitales, acoustiques et pyrotechniques".
Elle a ainsi invité le compositeur Eric Arletti, fan de hardcore DIY notoire et compositeur très sérieux de musique contemporaine affilié à l'école spectrale à composer une pièce orchestrale à partir de spectrogrammes de lumière; puis en deuxième étape, elle a joué elle-même la trouble-fête, improvisant avec son nouveau projet Pône & Dias une pièce électronique rituelle inspirée par Swans, bardée de bruits de feux, d'explosions et de feux d'artifice; enfin elle a réalisé les pochettes de vinyles spécialement pressés en les fumigènant avec différentes fumées colorées.
Le résultat, en écoute et en avant-première ci-dessous, devrait baigner l'exposition Rocking Spectrum dans un étrange nuage de boucan pour offrir au visiteur une expérience proprement synesthétique, si possible brutale, belle, accidentée. Ça se visite et s'expérience dès ce soir à 18h, Galerie 12Mail / Red Bull Space, 12 rue du Mail, 75012 Paris.
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