"Ok, soyons clairs : le deuxième album de Frustration sera un des disques français les plus importants de l’année à venir." Merci Born Bad pour cet incipit de communiqué de presse fort enthousiasmant, mais, au risque d'être attendu à la sortie du bureau par un service d'ordre en bottes de moto, on se permet de relever un petit bémol.
En effet, on doute qu'une bande de mecs qui n'ont jamais su choisir entre les Damned et Edith Nylon, et qui rêveraient que les banlieues françaises ressemblent à une chanson de Tai-Luc ou à une BD des Humanoïdes Associés, ne puissent un jour fédérer assez de gens pour être qualifiés de "groupe important". La vérité, c'est que le "rock banlieusard" est mort depuis que la Air Max a remplacé le perfecto, et s'est retourné dans sa tombe à l'arrivée de l'autotune.
Le vieux fantasme de la Telecaster vengeresse du prolétariat n'étant donc plus du tout d'actualité, dur de considérer Frustration comme un groupe "de son temps", ce que voudrait aussi nous faire croire le petit texte rédigé par la team Born Bad. Ecartelés entre la débilité punk, l'intellectualisme post-punk et le trotskysme-poing levé-baston du post-post-punk, les membres de Frustration ne misent pas tant sur une quelconque communion avec leur époque que sur leur bon look, leurs belles pochettes et leurs riffs qui fonctionnent.
Il faut bien le dire, en un album et une poignée de maxis, Frustration a réussi à se créer une fanbase au sein de laquelle le cadre supérieur qui a les albums de Joy Div' à la maison cohabite au moins le temps d'un concert avec le redskin de Montreuil. Le groupe devrait d'ailleurs élargir son cercle d'adeptes avec ce deuxième album, Uncivilized, où une poignée de gimmicks de synthé entêtants viennent déradicaliser leur musique habituellement glaciale. Et pourquoi pas ?
crédit photo ©NSOphoto
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