Quentin Biardeau est un drôle d'oiseau. Outre sa participation à mille projets éparpillés dans tous les coins de la-scène-jazz-actuelle, le saxophoniste est le fondateur du Quatuor Machaut, ensemble qui réconcilie, à quatre saxos, la Messe de Notre Dame de Guillaume de Machaut avec les dérapages poumons dehors du free jazz, en allant jouer tout ça au fond des piscines. C'est étrangement cohérent. Et comme ça ne suffit pas, l'Orléanais propulse également Bo Bun Fever, un autre quartet (batterie, synthés, voix, saxophone) qui, mis à part les musiciens qui le composent, n’a sans doute pas grand chose à voir avec le jazz.
Positionné sur le même segment que des projets récents comme Bon Voyage Organisation ou Limousine (Tropico-lounge-Asie-Disco) le groupe existe un peu plus loin, Gangnam style, avec des couleurs vives, des palmiers en plastiques, des
mojitos sans fin et des vuvuzelas, et propose à qui veut son tour du monde de touriste décadent et superficiel, fuyant toute profondeur pour se réfugier dans les valeurs sûres de l'eurodance et du groove de plage (entre autres), laissant entrevoir à
l’auditeur - sur un rythme endiablé - depuis l'entrepont d'un yacht baptisé Le Fela Kuti, le corail électro-punk-rap au fond du lagon smooth jazz. C’est limpide, acide, sucré, corrosif, outrancier, maîtrisé ; ça donne un peu le tournis.
Deux voix traversent ce maelstrom foutraque et bien réglé ; le saxophone du leader, pas omniprésent, hurle d'un bout à l'autre comme un Pharoah Sanders qui se serait réveillé pour la millième fois dans les pompes de David Sanborn. Il y a surtout
le chanté-parlé d’Anouck Hilbey, à l'aise dans son rôle de touriste amoureuse et lointaine, qui raconte l'errance de bagnoles en clubs en lobbys d’hôtel, plus ou moins assommée par son tour du monde de la fête low cost et par le taux de soupirs
contenus dans sa bouteille en plastique, mais déterminée à tout boire quand même. On n’a qu’une vie.
Un escalier de vapeur lumineuse t’aspire vers le haut… "Grand Passion"
La lumière dans tout ça ? Soleil peint ou vrai projo ? A vous de voir, le maxi du groupe vient de sortir : Grand passion exalte la fête et la drague, l’oubli et l’amour, et délivre, la main sur le cœur, sa promesse de néons qui clignotent à Tokyo, New York
ou Benidorm, au bout du tunnel creusé sous le Royaume de la fête.
Cet été Bo Bun Fever reste en France et part en tournée. Toutes les dates ci-dessous.
8 JUIN / Bourges : Emmetrop + Aquaserge
9 JUIN / Paris :Le Divan du Monde + La troupe de Madame Arthur
15 JUIN / Tours : Aucard de Tours
23 JUIN / Orléans : Jazz à l’évêché
24 JUIN / Paris, Pantin : La Dynamo + Orchestre du Tricot: Tribute to Lucienne Boyer
7 JUILLET / Monts: Terres du son
15 JUILLET / Luz-Saint- Sauveur : Jazz à Luz
