Cristian Vogel, vous l'avez bien vu, lu, compris si vous suivez The Drone et si vous dévorez passionnément les chroniques d'Olivier Lamm, en plus d'être "l'un de (ses) trois producteurs de musique électronique préféré au monde", c'est aussi un producteur fétiche de la rédaction. C'est à dire que j'ai tout intérêt à, soit connaitre la vie et l'oeuvre de Cristian Vogel parfaitement et pouvoir en tirer des conclusions musicologiques (ça n'est pas le cas), soit m'en tenir aux faits purs sans trop faire de zèle, avec, peut-être une citation efficace et une ou deux références finement choisies pour donner du poids à mon propos, ce qui, en revanche, est à ma portée.
Sing Sweet Software, l'album dont on parle aujourd'hui, est initialement sorti en version CD il y a 13 ans sur Supremat (un sous-label de Tresor) puis "remasterisé avec amour" et rendu disponible en version digitale depuis hier. De la bouche virtuelle même de Cristian Vogel, "l'esthétique musicale de 'Sing Sweet Software' est le résultat de nombreuses soirées passées à créer des sons mécaniques en travaillant sur des synthés modulaires". Le résultat n'est pas sans point commun avec les travaux de Jean-Claude Risset pour l'IRCAM, à la différence prêt que Cristian Vogel est arrivé, en signant ses productions des deux noms des héros d'une bande dessinée polonaise sortie en 1965 (dans Cyberiada de Stanislaw Lem, Trurl et Klapaucius sont deux robots ingénieurs quasi-dieux) à en faire un objet intello, certes, mais aussi pop et donc moins abscons et plus digeste pour les gens qui, comme moi, sont des ravis de la crêche qui ont besoin d'un point d'entrée léger pour les objets difficiles. Pour situer, on est à peu près pile entre "Blockwave" de l'EP Random, c'est à dire un morceau techno très réussi qu'on peut suivre aisément et "55 13 02 09 Stack" tiré d'Eselsbrücke qui est de l'expérimentation sonore pure.
Le résultat, étrange et émouvant (peut-être parce que je suis sensible aux chants des doux logiciels) ressemble à la musique que j'écouterais probablement dans mon caisson d'isolation sensorielle, si j'avais les moyens de m'en offrir un et de ne plus jamais en sortir (personne d'autre ne rêve d'un caisson d'isolation?). Cristian Vogel a même dit: "A en juger par les titres des morceaux, je n'ai pas du beaucoup manger ou socialiser durant cette période". Ce qui me fait dire que je ne tombe finalement pas très loin au sujet des sus-mentionnés caissons.
Vous pouvez télécharger l'album Sing Sweet Software via la page Bandcamp de Cristian Vogel et l'écouter en entier juste en dessous.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.