Jack Hamill a toujours été le genre de gars obsédé par les histoires, à l'image d'un nombre conséquent de producteurs électroniques de sa génération, peu enclins à construire leur propre récit à travers autre chose que l'ombre de leurs pères putatifs, d'influences écrasantes et de mythes encombrants.
Mais s'il y a effectivement une trame à travers sa musique, il n'y a pas véritablement d'espace (temporel, géographique) auquel s'y rattacher, malgré ce que son nom pourrait indiquer. Et bien que le jeune Écossais donne maintenant depuis une petite dizaine d'années dans la house cosmique, l'electro funk effréné et les jams-fusées, ce n'est même pas pour aller ailleurs ou pour découvrir de nouveaux territoires sonores, mais pour retourner dans un espace mental directement hérité des VHS de films de SF des années 80 de son cousin, comme il l'a d'ailleurs dit dans cette interview.
Et également comme beaucoup de gens de moins de trente ans (décidément, aujourd'hui ça fait beaucoup), lui est d'abord passé par le metal, le punk et la musique ambient avant de tâter du séquenceur et des logiciels crackés via The Pirate Bay. C'est un producteur qui ne vient pas du sérail électronique, qui a connu aussi bien Internet que les dessins animés en rentrant de l'école, la découverte du club en même temps que la pop hypanogique et ses dérivés. Par conséquent, il n'a que faire des codes inhérents du genre, ne cherche qu'à dérouler un fil du fun à travers sa propre nostalgie, et est donc pour cela parfaitement en phase avec son époque.
L'affaire serait entendue depuis longtemps si son nouveau morceau, "Exostack", publié chez les fidè!es de R&S Records le mois dernier sur le maxi du même nom, n'était pas aussi délicieusement anachronique et inventif à la fois. C'est le genre de titre qu'on écoute d'abord en pensant qu'il a au moins de cinq ans de retard (coucou la space house norvégienne à barbe de 2011), et qui se fait donc dans un premier temps écarter de notre quête effrénée de "musique originale". Puis, on se rend compte rapidement que chaque composant (une ligne de basse taquine par ci, un hi hat par là, des petits élements percussifs disséminés un peu partout) arrive sans jamais s'arrêter vraiment, repart parfois presque aussitôt, laissant un goût étrange en bouche, entre l'étonnement et le titillement des papilles, et que ce mystère (un titre si rincé et si irrésistible à la fois) nous fasse donc un peu revoir notre besoin constant, et un peu artificiel, de rechercher de nouveaux frissons.
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