Allez, osons le mot, John T. Gast est de l'"underground". Cela signifie qu'il appartient à cette myriade de producteurs anglais provinciaux qui ont moins de 500 followers sur leur compte soundcloud et dont la discographie se résume à quelques CDRs autoproduits (c'est-à-dire gravés sur le PC familial) probablement distribués devant des salles de concert de seconde zone et sur les aires d'autoroute. Autre fait notable sur sa vie, il aurait participé à la production du Black Is Beautiful de Dean Blunt & Inga Copeland, aka les très hypeux Hype Williams.
Pourtant, on ne sait par quel miracle 2.0 sa musique est arrivée aux oreilles de Mike Paradinas, big boss de Planet Mu que vous connaissez peut-être mieux sous le sobriquet de µ-Ziq (vraissemblablement en pleine crise de nostalgie puisqu'il vient de publier une sélection de morceaux qu'il aurait composé à l'âge de dix ans et qui ont dû sérieusement éprouver le seuil de pénibilité de ses géniteurs). Miracle des flux RSS ou fin calcul de la part de John T. Gast qui a l'air d'avoir compris que la meilleure chose à faire pour que l'on parle de lui était de ne pas parler de lui, les raisons qui ont engendré Excerpts nous indiffèrent totalement tant l'album brille par sa capacité à piocher dans le meilleur de la musique électronique de ces cinquante dernières années. Expérimentations concrêtes, minimalisme à tendance psychédélique, komische musik, indus noiseux et house binaurale (pourquoi pas?), tout y est.
On ne peut pas dire que John T. Gast nous tire de l'engluement rétromanique (cher à Simon Reynolds) de ce XXIème siècle balbutiant qui tente de se moderniser en regardant dans le rétroviseur, mais il a le mérite de donner au recyclage une dimension novatrice en faisant habilement cohabiter des idées qui jusque-là s'ignoraient. Excerpts n'est pas l'album spongieux d'un enième fétichiste du passé, il effleure le futur, nous en donne quelques extraits pas aisément lisibles mais dont chacun de nos déchiffrages apportera une clé de compréhension aux temps à venir. J'ai entendu dire que Jonathan Nolan (le frère de Christopher) envisageait d'adapter Le Cycle de Fondation d'Asimov en série, prions pour que John T. Gast en signe la bande originale. En attendant, vous pouvez d'ores et déjà courir chez votre disquaire pour vous procurer l'album qui vient tout juste de sortir.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.