Koyote, on l'a d'abord connu en passeur de booty insatiable au Tryptique, main dans la main avec son camarade Goon ou au chaud dans la pénombre de TTC. Fan obsessionnel de house, de basse et de Detroit techno depuis le milieu des années 90, son parcours l'a emmené jusqu'à Chicago où il est devenu ami avec DJ Nasty, DJ Godfather et DJ Nehpets. Sa musique, en revanche, a vite muté en quelque chose de beaucoup plus bizarre et idiosyncratique, au point que ses vieux fans qui hoppaient dans les caves parisiennes grimés en wigga de la tête aux pieds doivent avoir bien du mal à le reconnaître.
Signé sur l'emblématique Mixpak du New-Yorkais Dre Skull (seul label au monde capable de faire la jonction entre Ceephax et Diplo), Koyote fait de fait quelque chose de tellement singulier avec ses racines qu'il nous retourne l'entendement comme un gant. On serait par exemple bien en peine de dire si on a affaire avec I Stand Accused à de la house ou à de la techno, ou s'il cherche à nous punir comme un maton ou à nous caresser la joue comme un grand-frère.
Travaillé par ce qu'un collègue bien informé nomme son "surmoi musique classique" (il a étudié au conservatoire), Alex Lotz ne conçoit surtout pas sa dance en termes d'effets et d'efficacité: plutôt comme de la musique tout court, et la continuité directe de ce qui fait battre son coeur. C'est particulièrement flagrant sur ce I Stand Accused EP au cul entre dix chaises, mais au caractère musical en acier trempé: "L’idée, au départ en tout cas, c'est un peu une déclaration d'amour. Je voulais faire un EP dans des sonorités soul, house de Detroit, quelque chose qui reflète tout cet univers soul/funk qui m’influence beaucoup et dont un des thèmes récurrents est l’amour. Le poing en l'air est une métaphore graphique du titre, que je proclame. Il peut évoquer également un coeur qui bat (l’amour encore). Mais c'est aussi bien sûr le poing des Black Panthers, le mouvement des droits civiques.."
Pour autant, point de disco house sautillante ou de pénibles redites de Moodymann dans ce maxi fièrement élusif et mystérieusement puissant. Outre le fait qu'il exhibe la voix d'Isaac Hayes, le seul modèle esthétique avoué par Koyote du morceau éponyme du maxi par exemple est ...Actress. Du coup, on y voit un peu plus clair. A l'instar du brillant fouilleur de formes londonien ou des cousins évidents de Clone et L.I.E.S., la dance de Koyote est de la dance qui réfléchit beaucoup pour ne pas avoir l'air trop réfléchie. De la beauté d'un snare qui se décale à un grand déballage de violons synthétiques ("Soul Train" rappelle sans peur les plus beaux trucs de Virgo ou Dream 2 Science), Koyote multiplie les détails qui tuent mais n'a jamais l'air de le faire pour se faire remarquer.
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