Je vous vois d'ici grimacer: "du reggae sur Le Drone...beurk...". Si les jeunes générations françaises ont été traumatisées par des défilés de vilains rastas de pacotille pris en flagrant délit d'appropriation culturelle (on va peut-être s'épargner les hyper-liens), les anglais eux puisent régulièrement dans cette culture qui fait partie intégrante de leur ADN musical et qui infuse la pop, le rock et tout ce qui gravite autour de la bass music, du grime et des musiques synthétiques. 


Hollie Cook, éphémère membre de la re-formation des Slits (2006-2010), fille de Paul Cook des Sex Pistols et de Jennie Matthias de Culture Club (Boy George est son parrain pour la minute Vanity Fair) était bien placée pour s'emparer de l'héritage reggae et réussir un hold up: le jouer avec une approche indie et une écriture pop soutenue par des vocalises capables d'emmener ses morceaux sur la bande FM sans rougir de honte devant les ayatallohas underground. Soit en quelques mots ce que nombre de ses congénères se sont évertué.es à faire avant de sombrer dans l'oubli (vous vous rappelez d'Ebony Bones vous?). 


A priori, Hollie Cook, elle, est plutôt partie pour marquer les esprits avec cette sortie dont on saluera la variété (ce qui n'est pas gagné dans le genre on se l'avouera) et ses idées de productions (Dennis Bovell, ingé son de LKJ et producteur pour Fela, Orange Juice ou The Slits est aux manettes) qui assemblent textures, sonorités organiques et synthétiques et bidouilles rythmiques cachées sous un amas d'effets sonores. Autant de couches d'un mille feuilles étonnamment digeste, dont l'accumulation évoque le bien être cotonneux des albums shoegaze (nous y voilà).


Vessels of Love de Hollie Cook est sorti le 26 janvier 2018.