Cela fait 20 ans que Grems s'époumone à défendre une idée : l’avenir du rap français se trouve dans le mélange des genres. Inspiré par la grime anglaise et par la hip-house de Detroit, il “invente” un nouveau style au mitan des années 2000, la deepkho.

A la croisée du hip-hop du Wu Tang et de la house de Moodymann, Grems pose ses textes sur des tempos rapides, une bonne trentaine de BPM au-dessus de la concurrence. Ses beats gorgés de samples soul s’inscrivent en droite ligne dans l’héritage de la deep house de Kerri Chandler et Kenny Dixon Jr. Ses lyrics, entre egotrip et références à sa vie de graffeur, ont les deux pieds plantés dans le rap de rue qui a fleuri à New-York au début des années 90 avant de faire de nombreuses émules en France, au premier rang desquels Booba et son écurie 45 Scientific. 


Une position à la lisière de plusieurs mondes - les clubs, la rue, la house, le rap - qui l’a longtemps empêché d’accéder au succès commercial que son talent lui promettait. Une place d’outsider qui lui allait parfaitement jusqu’à la sortie de Sans Titre #7 en janvier dernier.


Cet album, unanimement salué par la presse spécialisée, lui offre une exposition médiatique qu’il n’avait encore jamais connue. Invité à jouer aux quatre coins du monde, de Hong-Kong à la Réunion, Grems peut enfin accomplir la mission qu’il s’est fixée : porter la bonne parole rap français partout, et démontrer l’efficacité de la formule rap-house.


Une envie d’hybridation qu’ont bien retenue certains des rappeurs les plus influents d’aujourd’hui, notamment Niska et M.H.D avec leur afro trap, aussi proche du kuduro d’Afrique de l’Ouest que du Dirty South de Miami et Atlanta. Après 20 années à la marge, Grems est enfin en phase avec son époque.

Photo : © Rémy Grandroques