En ces temps d'anti-merkelisme légitime et de germanophobie larvée, il est bon d'aller écouter ce qu'ont à nous dire les freaks d'Allemagne. Je veux parler de ces fridolins qui brunchent le lundi, dansent en chaussettes trouées, n'écoutent jamais de techno mais volontiers Henry Flynt ou de la musique improvisée qu'on trouve bien moins souvent aux terrasses des cafés de Berlin que ces collectionneurs de vestiges free jazz état mint à lunettes en bois carrées qui vous parlent de leur amour de la font Fraktur en sirotant de la Bionade parfum gingembre / crottin.
Comme nous vous l'expliquions brillamment il y a quatre ans à l'occasion de la sortie de son précédent Spirituals, Guido Möbius fait partie de cette caste de doux illuminés dont la musique évoque les délires baroques excentriques de Hans Jakob Christoffel von Grimmelshausen que le génie industriel de Bosch. Continuateur évident de l'école libertaire du rock allemand - cette vibe de Saint Guy qui court de Conrad Schnitzler à Felix Kubin en passant par A-Musik ou Die Tödliche Doris -, cet authentique fouteur de merde berlinois affiche une folie de tous les instants et une capacité irréelle à faire de la pop avec les choses les plus incongrues, scat amateur, musique traditionnelle thaïlandaise, flûte à bec ou sa propre guitare prestement désaccordée.
En live, c'est renversant de vie et de chaos maîtrisé ; sur disque, ça a toujours quelque chose avec le futur d'une pop music progressiste et idéaliste, de le même fibre vibrionnante qui caractérise les oeuvres des cousins Dan Deacon, Laurie Anderson ou plus près de nous la passionnante Anna Meredith dont nous vous parlions il y a quelques jours en quelques mots enflammés. Un conseil chaleureux donc si vous considérez toujours la musique comme un art majeur : ne passez pas à côté de Batagur Baska, nouvel album grande angle de l'Allemand qui sort le 1er avril chez Shitkatapult. Et dans la mesure de vos dispos dans l'agenda, ne passez pas non plus à côté de l'opportunité de voir Guido Möbius en concert. D'ailleurs, il sera en France pour fêter la sortie de son nouvel opus, le 1er avril à la Péniche Excelsior du Mans, et le 2 à l'Olympic Café de Paris.
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