Popp musique: l'air de rien, tout le monde connait. Pour les plus distraits, ce sera le thème de "My Love is Blue", peut-être dans la version de Claudine Longet, quelques années avant qu'elle ne tire accidentellement sur quelque amant dans une séquence beaucoup moins fleur bleue que la chanson ne l'entendait. Pour d'autres, ce sera ce 25cm retrouvé chez papa maman, quand le conte musical Piccolo Saxo et Compagnie trustait les ventes de disques pour enfants. Pour nous, ce sera sûrement aussi en sa qualité de pionnier des bandes à l'envers, de l'enregistrement des thèmes à vitesse lente, et des effets d'écho nébuleux.
Une carrière en forme de jeu à points: de Vian à Greco, d'Astrud Gilberto à Marie Laforêt... Indicatifs radio, bandes originales de film, accompagnateur des protégés de Canetti chez Philips: plus qu'un homme de l'ombre, André Popp était un monstre sacré de l'âge d'or de la pop française, au même titre que la confrérie des Michel (Magne, Legrand, ou Colombier). Omniprésent autant que méconnu.
"Décès du compositeur André Popp", donc. Avec lui, c'est une certaine définition du métier de musicien qui s'éloigne encore un peu plus. Et puisque ce coup-ci les pénibles vagues de RIP n'inonderont de toutes façons pas les réseaux sociaux, il serait dommage de ne pas célébrer ce qu'il nous laisse en héritage: compositions, arrangements, tenue d'orchestre modèle, portés par l'élégance de ceux qui distillent leurs facéties dans des costumes toujours impeccables, venus d'une époque étrange où ces jeunes hommes, profil bas et sourire en coin, ne se doutaient pas encore qu'ils pourraient un jour se targuer d'avoir été de tels pionniers.
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