C'est lundi, il caille sa mère, l'épidémie des tops de fin d'année a commencé, il y a Grimes partout dedans. Le seul événement musical notable de la journée est l'annonce de la sortie imminente d'un nouveau maxi de Burial. J'ai mal au bide. Je vous propose donc en recours de décrocher avec moi le wagon du train-train de l'hyper information et de vous emmitoufler dans une grosse couette imprimée Tron pour mater un docu mortel sur Zappa. Dont on fête l'anniversaire de la mort exactement demain (on vient de me le glisser dans l'oreillette).
Réalisé par le réalisateur/compositeur allemand Henning Lohner (un temps assistant de Hans Zimmer, visez le CV), Peefeeyatko a été largement tourné à Los Angeles, dans l'antre du maestro, pendant l'année 1991. Pas franchement en harmonie avec son époque, Zappa était encore largement occupé par le mirage du numérique et en particulier les milles-et-une possibilités du Synclavier, ce monstre à gaz qui fut le nec plus ultra de la synthèse pro jusqu'à en gros l'avènement de la MAO. Surtout, et ce n'est dit nulle part dans le film lui-même, il venait d'apprendre qu'il était atteint du cancer qui allait l'emporter deux ans plus tard. Derrière les bonnes blagues (cf. le sens du titre du film, à découvrir à mi-parcours) et les bons mots qui abondent à chaque coin de phrase ("Music should be able to organize anything"; "Music is anything, anytime, in any place for no reason at all"), il y a comme une sorte de franchise totale qui gît sous roche, et une envie d'en découdre littéralement avec la postérité là, maintenant, tout de suite.
Heureusement pour son petit coeur, Zappa n'était pas le seul à se tenir en haute estime. La galerie de géants de la modernité qui défile dans le documentaire (Xenakis, John Cage, Stockhausen et Boulez, tous vivants et en forme à l'image) en dit long sur ce devenir pionnier qui le tarabiscotait à la fin de sa vie. Mais que les fans de Lumpy Gravy se rassurent, il parle aussi bruits de pets et films de monstres. Et puis la réal' bien croquignolette du film, qui fleure très fort les premiers jours du multimédia, mérite à elle seule le détour: raccords zarbis, inserts d'images subliminales absolument inexplicables, la première moitié des années 90 n'a jamais semblé aussi alien et loin de 2012. A part peut-être dans 58 minutes pour vivre, quand le futur s'étale à l'écran avec un téléphone dans un avion et un fax.
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