La génétique, le sentimentalisme et la musique électronique font-ils bon ménage? Alors que tout plein de ses concitoyens britanniques se tournent naturellement vers la techno duraille et difficile, Max Cooper, sur Human, se consacre à l'élaboration d'une electronica de l'évanescent organique, hantée par la finitude de l'existence humaine et la vie dans son sens le plus biologique, c'est à dire ce fait assez désagréable qui fait que le corps humain est programmé pour s'arrêter de fonctionner un jour, quand on est très vieux et tout mélancolique de la vie passée.
Généticien de formation, Max Cooper conçoit ainsi sa musique comme les scientifiques manipulent les séquences ADN, enroulant les couches de sons analogiques ramifiés, bouclés et dupliqués (vous saviez qu'il était possible d'aisement extraire de l'ADN de kiwi?) pour synthétiser des matières sonores dont on ne sait plus bien si elles ont encore quelque chose d'organique. A l'inverse de la plupart de ses collègues généticiens, surtout, il a très à coeur de filer la métaphore.
Human est donc supposé représenter, par son modus operandi autant que son horizon lyrique, la vie d'un humain, du miracle mathématique de l'existence jusqu'à la tragédie de sa déchéance. A propos du pensum "Woven Ancestry", il explique par exemple : "Toutes les cultures et la génétique se sont mélangées pour faire de vous la personne que vous êtes. Ce qui fait de nous le produit de nos ancêtres, à la manière d'une trame tissée pour former chaque individu sur terre. J'ai utilisé des instruments anciens du monde entier pour ce morceau, chacun jouant une mélodie différente à des moments différents. Tout parait être en désordre mais se combine finalement de manière cohérente".
Signé chez Fields et disponible dès aujourd'hui, Human est donc le résultat du mélange inattendu de considérations un poil pompeuses et philosophiques sur ce qui fait l'essence innée ou acquise de l'être humain, de vraies compétences d'un chercheur BAC +15 et du savoir faire d'un bidouilleur pas manchot (voire un brin obsédé par la technique) au départ pas franchement prédéstiné à la musique mais qui s'est lancé dans le vide après avoir découvert Nils Frahm et Philip Glass. Le webzine britannique Dummymag a d'ailleurs assez bien résumé ce que provoquait effectivement l'album et visiblement le but recherché par le musicien-généticien: "(Max Cooper) veut que vous dansiez et pleuriez simultanément".
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