On vous voit venir avec vos gros sabots. Lou The Human et sa blondeur décolorée par maman, 21 ans au compteur et une poignée de titres envoyés depuis Staten Island n'est pas un nouveau petit frère spirituel d'Eminem. Gavé de classiques du hip hop  (Nas, A Tribe Called Quest, Jay-Z), le petit banlieusard se vante aussi d'avoir usé ado ses disques de Radiohead, Nickelback et Coldplay. Ca fait peur? Oui et non.

Lou The Human a surtout beaucoup à voir avec les productions claustro de Earl Sweatshirt et plus généralement toute une nouvelle génération de rappeurs producteurs issus de la classe moyenne qui ont profité des cartes redistribuées par Kanye West au milieu des années 2000. Plus besoin de choisir son camp entre street cred OG et rap de blanc intello à la Anticon, il existe une nouvelle case pour la génération Ableton qui peut sortir des disques de rap influencés par 70 ans de culture pop disponible là maintenant sans filtres sur toutes les plateformes. 

Lou The Human, sappé en skater de vingt balais comme on en croise désormais dans les capitales du monde entier a pour lui une verve punk puissante qui jette un grand pont entre les préoccupations d'un gosse de son âge (voler les dernières yeezy parce qu'il est fauché), attirer l'attention des grands frères qui gèrent le business (en se foutant de la gueule de Macklemore par exemple) et se poser des vraies questions politiques (merde à la censure, est-ce que je reste punk si je commence à vendre des disques ?). Un pur produit de 2017 qui a au moins le mérite de creuser son propre chemin entre les bouffonneries white trash de Post Malone, les bâillements provoqués par les très consensuels Run the Jewels et les gendres idéaux de Brockhampton. Verdict ci dessous.