Sirènes de pompiers, conversations étouffées, fréquences des radios de police : ce lundi 15 avril, bloqué sur le Quai de Bourbon parmi les badeaux qui assistaient à l’incendie de Notre-Dame, une question m’a traversée l’esprit : que ferait Molecule de cette matière sonore ?


La scène, dramatique, avait tout pour captiver le producteur parisien, qui s’est fait une spécialité d’aller chercher la matière de sa musique en environnement hostile, comme il nous l’expliquait quelques jours plus tôt. “Sortir de ma zone de confort, me mettre en danger, c’est une façon de m’obliger à marcher droit, ça fait partie intégrante de ma démarche de création.”

© Keffer -
© Keffer

Après son album de 2015, 60° 43' Nord,  enregistré à bord d’un chalutier malouin lors d’une campagne de pêche dans l’Atlantique Nord, le musicien est reparti en territoire inhospitalier : armé de son arsenal de micros, Molecule a pris la mer direction Tiniteqilaaq, petit village inuit isolé sur la côte Est Groenlandaise.


Il est revenu du froid avec un nouvel album, sorti courant 2017, -22.7°C, en référence à la température la plus basse qu'il ait enregistrée pendant son voyage. Le projet, qu'il décrit comme une "bande-son sensorielle", oscille entre beats techno caverneux, ambient contemplatif et éléments de field recordings - les aboiements inquiets des chiens de traîneaux, le craquement des glaciers, des bruits de pas dans la neige. 

Si le travail de Molecule repose sur l'utilisation des sons concrets, il ne veut pas se laisser enfermer dans une démarche de pure description de l'environnement qui l'entoure. Le producteur se laisse toute latitude à retravailler les sons et les ambiances qu'il engrange pendant ses voyages. “Le tempo de 60° 43' Nord m’a été dicté par le bruit du moteur du bateau, qui tournait à 117 BPM. En revanche, pour -22.7°C, ça a été un choix de ma part d’ajouter ce beat très sourd, dansant sur certains tracks - rien dans l'environnement sonore du Groenland ne ressemble à ces beats."


Ce samedi, il donnera une autre vision de la matière qu'il a ramenée de son expédition au Nord du Passage du Prince Christian. A l'invitation des équipes de Groupe de recherches musicales, il se produira au festival INASOUND, le temps d'un live inédit, spécialement conçu pour l'occasion. Basé sur le même matériau que -22.7°C, la performance aura lieu dans l'acousmonium : elle sera projetée sur un orchestre de haut-parleurs, permettant une immersion totale des spectateurs dans la performance. S'il ne veut pas trop en dire sur la teneur de son live, Molecule promet une approche totalement différente de celle de l'album, plus ambiante, plus accidentée, moins club. Mais toujours aussi glaciale. 


Rendez-vous est pris au Palais Brongniart pour INASOUND, on vous fait gagner vos places ici

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