Il me semble qu'il y a eu un malentendu au sujet de Mock & Toof. Propulsés branchés sur les derniers jours de la parenthèse novo disco par une poignée de maxis bien sentis sur Mule Musiq ou DFA, les Londoniens Duncan Stump et Nick Woolson ont tout de suite vu beaucoup plus larges que la plupart des ravaleurs d'italo-balearico-truc-machin basés à Oslo. Le disco, chez eux, est moins un truc magique à ressusciter qu'un joujou dans la caisse, un tout petit bouton poussoir sur un tableau de bord immense qui s'étend de Basic Channel à la salsa du Spanish Harlem. Suivant une trajectoire pas si éloignée de celle de Basement Jaxx, ils ont dérivé des fêtes dans les caves vers les grosses salles de concert pour révéler le fin mot de leur projet: démantibuler la dance pour faire rentrer la pop dedans, sans jamais quitter la soul des yeux et surtout sans se préoccuper de ce petit monstre geignard qu'est l'electropop des années 2000. Mutant par là une sorte de Basement Jaxx soft, sans le fluo et la jet-set qui s'époumone sur le bouclan.
Pour leur deuxième Temporary Happiness qu'on vous fait écouter aujourd'hui, ils descendent même d'un ton supplémentaire et se choisissent pour tout horizon le Prince nocturne et ambigu de "The Ballad of Dorothy Parker", quand il ne lâchait pas le funk d'une semelle mais risquait tout tout autour même le malaise, même la dissonance. Les tempi n'atteignent jamais les 120 BPM et deux morceaux au moins ("Confusion Time" et "Wake Me Up") parlent explicitement des labyrinthes de fumée qu'on a dans la tête. Du coup si le disque rentre encore dans la case "house music moderne", c'est de justesse et en mode mineur: on est juste de l'autre côté de la nuit, quand dansent les derniers danseurs fatigués, dessaoulés, juste avant d'aller se coucher.
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