Il y a quelques moins, on avait fait grand cas des origines prolo de Holograms, cette bande d'adorables petite frappes de la banlieue de Stockholm à qui on aurait donné Joy Division sans confession. De l'autre côté de la pop, on les associe aujourd'hui prestement au gamin Yung Lean: avec ses cheveux blonds, son visage poupon et son air d'enfant perdu dans un centre commercial de Macao, il fait du rap en Américain boiteux manifestement inspiré par les rappeurs d'Internet (Lil B en premier) mais a l'air de débarquer de la rue d'à côté. 

Découvert par Noisey au détour d'une zone prolongée sur les discussion boards spécialisés dans le rap scandinave, il n'a à son actif qu'une poignée de morceaux sur Soundcloud ou Youtube à ce jour, mais ils nous font tous nous gratter la tête suffisamment vigoureusement pour qu'on lui consacre autre chose qu'une notule dans la shitlist.

Bien sûr les clips dispo font d'abord sévèrement frissonner: son "awkard gun toting" (cf. cet article de The Fader) notamment le condamne d'emblée aux bas-fonds des "rappeurs dailymotion"; mais rappelons aussi que l'équilibrisme au bord de la faille fait partie à part entière du game du rap sur internet. Avec son flow traîne-savate, son tropisme pour l'Asie et ses aplats hypermodernes à la James Ferraro, Yung Lean met même le doigt sur un truc suffisamment étrange pour intéresser des rappeurs de Californie (en l'occurence Issue, descendant direct du géant E-40, et son label Teaholics). Entre prods nuageuses à la Clams Casino, pianos tristes à la Sakamoto et electropop hooligan façon Sincerely Yours (The Tough Alliance, CEO, JJ...) les prods très syncrétiques signées Yung Sherman ou Yung Gud Shorty aussi sont à la fois typiques de l'époque et suffisamment singulières pour donner envie d'en démembrer les parties. Tout ça pour dire qu'il se pourrait bien que la notoriété de cette bande de chérubins pétés pourrait bientôt dépasser celle des lecteurs de Vice et des filles pas très jolies de leur lycée.