Crédit photos (c) Sylvain Gouverneur
Arrêtons toute affaire cessante de déplorer le manque de piquant du rock psychédélique du temps présent : tant qu'il existera Yeti Lane (et quelques autres) pour lui chercher du noise, il continuera à grandir, se trahir et se transformer, donc à vivre, donc à bien se porter.
"Grande vadrouille à travers les matériaux bruts du rock" (chapeau pour la formule, François Morice), ce troisième album titré en hommage au film le plus pessimiste de Murnau rallonge la sauce et le champ des possibles de ce qu'on peut produire comme émotions fortes et sons sublimes live and direct avec une batterie, une guitare, quelques synthés et deux tables noires de pédales d'effets et, oh boy, le champ s'étend à perte de vue.
En maîtrise maximum de leurs moyens et de leur idiome - toujours ce mélange sublimement indécis de sentimentalisme twee et de brutalité shoegaze bluesy -, Ben et Charlie ont plongé plus profond dans la matière bruit, le drone et la fureur que jamais auparavant et en ont ramené des perles qui rivaliseraient en qualité de texture, en luminescence et en intensité avec Hawkwind, le Primal Scream le plus proche de la faille ou le Velvet Underground, bien sûr, dont on est presque surpris d'entendre si clairement des échos ici, maintenant, si loin de 1965 et de la prédominance de l'héroïne dans les us et coutumes des diables de la contre-culture.
On vous laisse donc trancher du genre d'aurore dont il est question dans L'aurore, s'il s'agit d'une fin de nuit chargée ou d'une orée de jour : ici, on pense très fort à l'ambivalence du poème de Baudelaire Le crépuscule du matin, à "L'aurore grelottante en robe rose et verte" (cf. la pochette ci-dessous), à "l'heure où l'essaim des rêves malfaisants / Tord sur leurs oreillers les bruns adolescents".
Yeti Lane seront en concert à Paris le 31 mars au Pop-Up du Label.
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