Le merveilleux monde des comics n’est pas uniquement constitué de supers-messieurs et dames en lycras moulants combattant sans relâche le crime et l’injustice afin que la morale l’emporte sur le vice.
Bien au contraire, ils furent également le repaire d’esprits tordus prenant un malin plaisir à mettre en scène toutes les tares que compte notre monde.
Dans les années 1950, aux Etats-Unis, de nombreuses maisons d’éditions faisaient leur beurre grâce à des séries de publications où se bousculaient le meurtre, le viol, le cannibalisme, et, comble de l’angoisse, le sexe (dans sa version 50′s, c’est à dire sous la forme de jeunes filles girondes en bikini une-pièce…).
Autant vous dire que dans l’Amérique puritaine de l’après-guerre, ces petits Mickeys dépravés étaient d’une part excessivement prisés par les jeunes adolescents, et d’autre part unanimement honni par le monde politique.
Bien décidé à ne pas voir sa belle jeunesse corrompue, le Congrès s’est empressé de créer le Comic Code Authority, instance de régulation vite transformé en cabinet de censure. En effet, s’il n’était pas obligatoire d’arborer le petit tampon CCA pour avoir le droit de vendre ses livres, il est très rapidement devenu difficile d’avoir accès aux étals des marchands de journaux sans passer par lui, les distributeurs refusant régulièrement de commercialiser les comics non approuvés.
C’en était fini des zombies, goules et autres loups-garous, très officiellement bannis des pages. La seule bonne chose, au final, que le CCA ait apporté, c’est l’interdiction des propos racistes qui, il faut bien l’avouer, avaient un peu tendance à fleurir dans les bandes dessinées d’antan.
C’est cette histoire que nous raconte The Horror! The Horror! Comic Books The Government Didn’t Want You To Read!, un très beau livre signé Jim Trombetta, qui vient tout juste de sortir aux States, préfacé par Mr Chair de Poule, R.L. Stine.
Le livre montre également très bien comment ces publications sulfureuses pour leur temps furent un laboratoire pour les futurs grands noms de la BD US des 60′s et 70′s.
Ainsi, Steve Ditko (le père de Spiderman) et Basil Wolverton, le “Michel-Ange de Mad Magazine“, figurent notamment parmi ceux qui, à l’époque, se firent la main sur les squelettes, la tripaille et les bimbos qui peuplaient les pages de ces comics qui, aujourd’hui, nous paraissent bien plus kitchs qu’horribles.
Le livre est accompagné d’un DVD bonus, où l’on retrouve l’intégralité d’une émission de 1955 consacrée à l’influence néfaste de ces horror comics sur la belle jeunesse américaine.
Si Sin City était sorti à l’époque, le très austère animateur de ce grand moment de télévision aurait sans doute fait une syncope.
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