Tiens, Kill The Dj se met au gris. Sous le nom The Eyes In The Heat, se cache un trio wock dans lequel bricole le producteur techno Olivier Ho alias Raudive & co, fondateur du label Meta et auteur d'un bien beau Dronecast il y a peu et chante Zizi Kanaan, Libano-américaine dont on ne sait absolument rien. Habillés en Hedi Slimane, la raie soigneusement négligée, Ils jouent un post-punk boudeur, du genre qu'on danse dans son coin dans la salle de concert, voire dans son coin allongé sur son lit quand il se teinte de new-wave corbac.

Débarqué sur le vilain terrain du concept album des années 2010, Programme (ou Program Me, c'est comme on veut) prétend organiser sa chasse aux fantômes autour de "la malléabilité de l'identité" - ce qui pourraitt faire passer un léger frisson d'appréhension chez les amateurs de sunshine pop californienne. Au service d'une "sensibilité sombre et ésotérique", l'artwork très post Factory de l'artiste anglais Tom Dale en remet une couche et resouffle sur les braises d'une mode qui, entre "présence evanescente" et "pureté ombragée", n'entend pas s'éteindre de sitôt.

Heureusement pour la musique, une ligne vers un dancefloor glacé se dessine tout de même entre les rythmiques fomentées dans le noir et le chant de Kanaan, en forme de lueur. Malin, le groupe ne perd jamais le sens de sa formule et à l'image de son surprenant mix pour Juno Plus, varie ses sautes d'humeurs entre la frange la plus poppy de la new-wave et la fange la plus cold de la coldwave.