Girls with Big Synthesizers, suite et pas fin.
Longtemps reléguée au Purgatoire de la Musique d’ameublement pour chambre d’adolescente avec des posters de licornes sur les murs pour avoir commis le premier tube new-wage de la radio américaine, la Bostonienne Suzanne Ciani est peu à peu reconnue pour ce qu’elle était avant de tomber dans l’abîme: une pionnière de la musique synthétique.
Apprentie puis amie intime de Don Buchla (deuxième père du synthétiseur américain avec Robert Moog), elle fut parmi les premières à étudier la synthèse sonore générée par ordinateur avec l’immense Max Mathews au tout début des années 70. Après quelques années de prosélytisme pour le son électronique à New York (elle a même tenté de fonder un Electronic Center for New Music au sein du Lincoln Center, vite dégagé faute de financements), elle s’est spécialisée dans le biz beaucoup plus lucratif du jingle commercial.
C’est donc par la publicité que Ciani a commencé sa petite révolution esthétique, inondant les ondes FM et hertziennes de blips et de blops de moins en moins alien aux oreilles du grand public, mettant en SFX le premier flipper de l’ère digitale et jouant même à l’occasion le rôle de pédagogue officielle du son synthétique pour la Génération Atari.
A l’exception de la grosse pile de ses albums new-age (soit dit en passant, on a même pas peur de vous conseiller chaleureusement le tout premier, Seven Waves, plein d’arpeggios en cascades étourdissantes), sa musique 100% électronique était jusqu’ici impossible à écouter. Dieu merci, le label britannique Finders Keepers s’est donc lancé en collaboration étroite avec la compositrice dans la belle et ambitieuse initiative d’écluser les boîtes de bandes qui prenaient la poussière dans son grenier.
Deuxième item après un coffret cassettes en édition ultra limitée, Lixiviation, Ciani/Musica Inc. 1969-1985 vient de sortir et outre la pochette belle à donner des sueurs froides à 99% des synth nerds à la ronde, il est blindé d’inédits et d’expérimentations en studio qui n’étaient pas tout à fait destinées à être entendues par le public. A en juger par la beauté de Second Breath, drone ventru, déchirant, à couper le souffle (on était obligés), ils ont bien fait de les sortir quand même du placard.
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