Evidemment, la dub techno est le genre le plus emmerdant qui soit. Toujours les mêmes pochettes de paysages estoniens sous la neige, toujours les mêmes titres abscons, toujours les mêmes noms de label avec "echo", "dub" ou "deep" dedans. Pour peu, cette reproduction par symetrie axiale absurde nous ferait presque oublier la radicalité sépulcrale des premiers Maurizio ou Basic Channel.
Au milieu de cette mélasse, l'Américain Rod Modell est presque l'exception qui confirme la règle. Echappé du terreau ambiant post-industriel de la première moitié des années 90s, il a publié une poignée d'albums réputés sous divers pseudos obscurs (Waveform Transmission, CV, Global Systems Silently Moving) avant de fonder avec DeepChord la réponse américaine la plus précieuse à Basic Channel, justement. Jouissant depuis The Coldest Season d'une nouvelle notoriété très méritée dans les cénacles nerd berlinois, il enchaîne depuis deux, trois ans les baleines blanches ambient techno avec une verve et une rapidité estomaquante. On ne lui en veut pas: les disques sont toujours les mêmes, mais ils sont tous formidables.
Là, il fait un gros mix pour Little White Earbuds sur lequel il joue beaucoup sa propre musique et celle de son inséparable partner in crime Stephen Hitchell (Intrusion, CV313, Echospace), mais pas seulement (Andy Stott, Mike Huckaby, Claro Intelecto, Mike Dehbert...). Les grosses nappes delay-ées typiques du genre sont au rendez-vous, bien sûr, mais elles s'évaporent aussi à l'occasion pour laisser place à une sorte de deep techno lente et boueuse, hyper texturée, qui dépasse largement le cadre de la vieille tradition. C'est très beau, presque novateur même. Two thumbs up pour le vétéran, sa musique de fond est bonne, bonne, bonne.
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