Si vous avez des gamins ou que vous vous rappelez de votre propre enfance, la musique pour bambins vous inspire sans doute des images cauchemardesques de mecs qui jouent du banjo déguisés en alligator, de chansons sur les gateaux à la carotte ou de Henri Dès qui fait répéter des rimes riches à un parterre d'enfants zombifiés.
Pourtant, il existe bel et bien des gens qui envisagent vos enfants comme des petits êtres doués de raison. On pense aux vétérans Dragibus, qui réinterprètent les comptines de Pologne ou du Vietnam en mode punk pour pogoter, Mami Chan qui fabrique ses propres instruments jouets ou aux excellents Carton Park, supergroupe formé de Gangpol und Mit, Mami Chan et Norman Bambi, dont les spectacles interactifs apprennent même à vos chérubins à se confronter à, euh, la Mort.
Nouvelle contre-initiative imaginée par Sylvain Quément (de Gangpol und Mit et Carton Park, donc), Radio Minus est né d'un rêve fou de crate-digger. A la place des inepties habituelles qu'on entend en boucle sur Gulli, cette web-radio d'un nouveau genre propose à l'usage (pas vraiment) exclusif de nos petites têtes blondes des playlists thématiques pour toutes les humeurs et toutes les heures de la journée, composées de musiques rares du monde entier, digguées aux quatre coins de la planète par une belle brochettes de spécialistes: Gaspare Balducci de Cartilage Records, DJ Alfred Hitchcock Magazine des soirées Chocomix, DJ Couleurs du Café Pompier de Bordeaux, Laure de Quengo de Dragibus, Frédéric Malki du festival Serendip, Tom Gagnaire du tout jeune label de rééditions Baisers Volés et la mysterieuse DJ **** de laquelle on ne sait presque rien sinon qu'elle est experte en gâteau.
Parmi ces merveilles, on trouve autant des choses créées pour les enfants "avec les compositeurs et arrangeurs d'un certain âge d'or qui ont glissé vers la musique enfantine" (Isao Tomita qui signe la bande originale du film Le Roi Léo, François de Roubaix et le générique de Chapi Chapo pour ne citer que les plus connus) mais aussi par eux, avec "toutes sortes d'enregistrements issus de travaux d'ateliers, que l'on s'emploie à trier" (l'album de Colette Magny enregistré en institut médico-pédagogique ou l'Enfant de la Liberté, somme d'enregistrements réalisés dans les ICEM pédagogie Freynet dont on vous parlait déjà). Plus "tout un lot de productions "d'enfants-artistes", qui est une constante dans presque tous les pays, de Minou Drouet à Wendy Sulca".
Enfin, partie subjective et plus gros boulot d'exhumation, des musiques tolérables pour les oreilles enfantines, qui ne leur sont pas directement adressées mais adaptables puisque "l'ouverture des enfants est totale, n'ayant pas d’a-priori quant à ce qu'ils sont censés aimer ou non, pouvant tout aborder, du plus pop au plus contemporain", les petits chanceux. Sylvain Quément lance aussi la radio pour répondre à un manque, en l'absence jusqu'ici de média équivalent, la considère comme un très petit projet très grand public, et donc "casse-gueule, un terrain miné qu'on s'emploiera à explorer aussi consciencieusement que faire se pourra". Bambin ou pas bambin dans les parages, vous avez intérêt à cliquer fissa.
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