La musique est un monde impitoyable qui dessine depuis la nuit des temps une frontière très claire entre deux camps: les artistes, et les fans. Pour passer de l’un à l’autre, l’indie rock a eu beau inventer le t-shirt sérigraphié, le badge, et le sac à patate avec un dessin de gaucher, rien n’y fait: le fan se retrouve toujours dans sa vie confronté à la très injuste réalité du pote plus doué que lui qui gagne son droit d’accès à la scène, le laissant sur le carreau, cantonné à passer sa vie dans la salle.
A Tours, Pneu est un peu l’exception qui confirme la règle. Ultra-fans depuis toujours, Jean-Baptiste Geoffroy et Jérome Vassereau ont réussi l’exploit de passer de l’un à l’autre avec un tricks bête comme bonjour, déjà adopté par leur cousin de Providence Lightning Bolt : jouer dans la fosse!
Avant leur premier concert fondateur en 2006, donné avec l’alibi de remplacer une première partie annulée au dernier moment pour un concert dont ils sont les très heureux organisateurs avec leur association Moe Scizlaack, les deux Pneu commencent par baliser un circuit rock quasi-inexistant dans la capitale des Châteaux de la Loire. Pas la peine de compter sur le comité des fêtes pour y faire jouer un groupe de métal, du coup ils demandent à un loulou du coin d’utiliser son club moisi, le Napoléon, pour inviter à la fête leurs groupes préférés. A l’époque ce sont entre autres Tu Fawning, Duet, John Makay, Marylin Rambo, Folk’s Not Dead qui ont la chance de goûter les steaks au soja des deux frères d’armes, avant qu’ils n’élisent domicile dans un autre lieu, le Lilo, et ne deviennent officiellement l’étape hôtel à la cool des groupes traversant le centre-ouest français.
En 2008, Pneu passe la seconde et sort enfin un premier album au titre hommage à l’outil le plus bourin du monde, la Pince Monseigneur. Depuis, nos cumulards ont réalisé leur rêve de fans en mangeant du bitume à longueur de saisons, en sortant cette année un deuxième album au titre aussi fin que le premier, Highway To Health, sur le label Head Records, et en s’invitant même sur la route aux côtés d’Electric Electric, de Marvin, et de Papier Tigre sur une tournée documentée par une des caméraman de The Drone.
La morale de cette histoire qui nous est contée en vidéo dans notre charmant entretien, c’est qu’en fonçant pied au plancher avec pour seule devise “j’aime quand ça fait boom boom, quand ça fait tak tak“, notre paire de pneus semble contribuer largement à ressusciter une communauté qui porte assez clairement les attributs d’une nouvelle scène musicale française, ayant pour dénominateur commun un esprit d’entre-aide ultra-DIY, privilégiant l’instinct aux grandes théories, le live aux grandes interviews, et la route aux grandes productions.
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