Il y a quelques jours, un lecteur particulièrement bienveillant se plaignait, au détour d'un commentaire sur un article, de ne pouvoir cliquer plus souvent sur le lecteur du site "sans avoir à se crisper les tympans pendant six minutes après", sous-entendant au passage que nos choix éditoriaux étaient sans doute motivés par notre crainte de passer pour autre chose que des ayatollahs de la musique reloue à la moindre incartade vers la musique "sympa". Ce stream du premier album gaillardement sinistre, crispant et déplaisant pour les tympans de Peder Mannerfelt lui est donc tendrement dédié.
Producteur d'une sorte de techno de la faille avec The Subliminal Kid, moitié de Roll the Dice et tourneur de boutons derrière Karin Dreijer Andersson dans Fever Ray, notre bidouilleur de synthés stockholmois tombe effectivement le pseudo pour ce qu'il convient d'appeler un disque "statement": groove post indus grattés à l'os, matières goudronneuses, drones porte de prison, on nage ici plus près des pulsars de Mika Vainio de Pan Sonic & co. ou des matières sombres d'Emptyset que du dernier banger outsider house à la mode.
Ce qu'on souhaitait donc souligner de notre côté à l'attention du lecteur bon vivant adepte de bonheurs plus consensuels évoqué ci-avant, c'est le bonheur gras, entier et certes un peu compliqué qu'on pouvait trouver à l'écoute prolongée de ce genre d'objet, d'autant plus beau et enthousiasmant pour les sens qu'il se présente tout épanoui dans sa rétivité.
Sans aller chercher les théories de Hermann von Helmholtz sur le bonheur physiologique de la dissonance, le sublime burkien ou les ruines chères aux Romantiques anglais, on lui rappelera de surcroît que les bonheurs trop simples et trop vite dévoilés ont surtout une facheuse tendance à fondre trop vite dans la bouche. Ce qui ne risque pas d'arriver avec ce Lines Describing Circles qui cherche effectivement à faire rentrer des ronds dans des carrés, mais auquel on sait chaleureusement gré de ne pas se dissoudre dans l'atmosphère au bout d'une écoute tiède et désabusée. Sortie immédiate chez Digitalis.
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