Patrick Vian: Oreknock

De la difficulté de trouver sa voie quand on est fils d'un grand Monsieur, blah blah blah. Comme son patronyme l'indique, Patrick Vian est le fils de Boris, écrivain adoré, songwriter essentiel, chroniqueur-trompettiste-passeur de jazz swing et Dieu jamais oublié de Saint-Germain-des-Prés.

Né au milieu de la Guerre, orphelin de son père dès 1959, Patrick est le contraire d'un enfant de la balle même si Jean-Paul Sartre, via l'affection qu'il portait à sa mère Michelle, le soutint en poussant Red Noise, son premier groupe (catalogué "pre-punk" par internet) dans les revues de l'époque. Ainsi quand il parle aux médias français aujourd'hui, c'est pour évoquer les plats préférés de Papa, Jacques Prévert qui picole à la fenêtre, Sartre qui signe des papiers pour l'aider à sortir du mitard où il s'est retrouvé pour possession de "100 grammes de bon afghan".

Toutes ces belles histoires franco-françaises, les diggers du monde entier s'en fichent probablement. Ce qu'ils connaissent de Patrick Vian (grâce à la fameuse "Nurse with Wound List", bible des collectionneurs glissée par Steven Stapleton dans la pochette du premier album du groupe), c'est un petit bout de carrière et un disque un peu important de la musique psychédélique française des années 70, notammentpour sa pochette fascinante de laideur et/ou d'étrangeté (je ne sais pas combien de soirées cosmic disco dans le monde ont repiqué son visuel peint à l'aérographe pour leur flyer, mais ça doit être un sacré paquet).

Paru en 1976 sur Egg, fameux sous-label de Barclay dédié au prog en général et à la musique synthétique en particulier, Bruits et temps analogues est une petite chose devant l'histoire, mais une petite chose délicieuse. Moog rock répétitif en mode bluesy, exotica moite, rêveries de gamelans synthétiques ou machineries kraut germanophiles, c'est rarement grandiose mais consistant tout le temps. Très joli label habituellement consacré à la musique psychédélique électronique allemande contemporaine (To Rococo Rot, Klangwart, Ekkehard Ehlers, Sack & Blumm...) Staubgold réédite l'album ces jours et c'est l'occasion ou jamais de le choper en LP pour le poser sur la cheminée.