Fatima Yamaha "Only of the Universe (Magnetron Music)
Il y a tellement de coeur et de beauté dans ce morceau tout con qu'il rend en quelque sorte caduque deux bons tiers des théories qu'on a échafaudées ces deux dernières années pour tenter de comprendre l'effet que nous faisaient deux bons tiers des morceaux de house music un peu compliqués qui sortaient. N'en tirons aucune conclusion, et apprécions.
外神田deepspace "ヘッドライツ" (Natural Sciences)
Deux infos essentielles vont me permettre de ne pas avoir à trop broder autour de ce très beau morceau de deep house subaquatique pour vous le vendre : son titre signifie "phare" ("headlight" en katakana dans le texte) et son auteur a choisi le blaze étrange de "Sotokanda Deepspace" sans doute en hommage au quartier de Tokyo où il a grandi (pour ceux qui connaissent, c'est le nom du quartier au nord de la rivière Kanda qui jouxte immédiatement Akihabara) où l'on trouve, entre autres commerces étranges, le premier "owl café" du monde où l'on peut boire un cappuccino à la vanille sauvage entouré d'une bande de chouettes apprivoisées.
Mark Ernestus' Ndagga Rhythm Force "Lamb Ji (feat. Mbene Diatta Seck)" (Ndagga)
Pendant que son frère de sang de Moritz von Oswald n'en finit plus de s'enfoncer toujours plus profond dans les limbes chaleureuses de l'abstraction avec son trio, Mark Ernestus continue d'explorer avec les musiciens de sa Ndagga Rhythm Force les liens occultes et polyrythmiques entre techno dub et musiques d'Afrique occidentale (Gambie, Sénégal, Mali). C'est absolument digne, beau, étonnamment novateur.
BNJMN "Womb" (Delsin)
Les plus beaux morceaux techno sont toujours plus deep et doux qu'ils n'en ont l'air sur leurs premières mesures. Ce beau "Womb" humide et un peu effrayant au premier abord ne fait pas expression à la règle : une fois passée la stupéfaction du kick en pleine figure, on s'y love comme dans un fauteuil moelleux dans un planetarium et tout ce qui s'y passe finit par ressembler à un rêve vaporeux d'astronomie érotique.
Niagara "Beto" (Ascender)
On pourrait être tentés d'en vouloir quelques secondes à ce trio portugais de faire de l'ombre au plus grand duo de heavy metal de l'histoire du heavy metal français, mais ça serait un peu vite oublier que le plus grand duo de heavy metal de l'histoire du heavy metal français avait déjà piqué son blaze au plus grand groupe de funk instrumental de l'histoire du funk instrumental de Bavière. Puisque The Drone se soucie avant tout de l'avenir, déclarons donc le Niagara dont il est question aujourd'hui de plus grand groupe de hardware house abstact cracra trippée portugais en activité.
Marquis Hawkes - Chances
Jusqu'ici, Marquis Hawkes sépare son oeuvre deux sortes de chansons : des sirènes jackin techno à danser le front très prés du mur, ou des jam faciles mais imparables à boucles disco dont le plus grand dénominateur commun résulte dans le plaisir coupable. Quelle moitié on préfère ? Le génie du garçon tient en tout cas largement à sa manière de ménager maestria dancefloor et malaise kitsch, comme l’arrivée de cette voix insolente à la cinquante-cinquième seconde de "Chances".
Black Sand "Black Sea" (Kynant)
C'est la maledizione de nous cousins italiens : rien qu'au 20ème siècle, ils nous ont donné Visconti, Fulci, Argento, Pasolini, Bellochio, Moretti, Sciascia, Gadda, Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Siti, Ginzburg, Calasso, Negri, Agamben, Cipriani, Umiliani, Scelsi, Macchi, Russolo, Berio, Maderna, Nono, Moroder, Maurizio Bianchi, Claudio Simonetti, Pino Donaggio, PFM, Fabio Frizzi, Daniele Baldelli, Wretched, Negazione, Declino, Avida, Radar, Lory D, Leo Anibaldi, Donato Dozzy... Et la seule chose dont je me réjouis à l'avance de ma semaine de vacances à Rome entre Noël et le nouvel an, c'est les tableaux du Caravage et de Giotto que je vais pouvoir admirer entre deux assiettes de saltimbocca alla romana. Toutes mes excuses aussi à Max Durante et DJ Datch d'aborder le noir abyssal de leur très beau premier maxi en visualisant en premier une plâtrée de spaghetti à l'encre de seiche.
Rodion – Bococa Hills (Nein Records)
C’est lent, sadien, cinématographique, giallesque, plein de basses trop saturées et d'orgues en folie : c'est too much mais Rodion tient toujours le haut du pavé du dark disco.
Chevel "Heimweh (Perc remix)" (Stroboscopic Artefacts)
De toute évidence, Perc a troqué le coup de matraque pour le gant de velours sur ce remix pour Chevel. On ne sait trop si ce sont les prods monolithiques (aussi bien dans la musique que dans les visuels) de la maison Stroboscopic Artefacts qui ont rendu le bastonneur anglais tout chose, le fait de se retrouver sur un EP de remixes en compagnie de terreurs déconstructivistes comme Lee Gamble ou Paula Temple, ou tout simplement des envies soudaines de tisane et de repos, mais cette rêverie bucolique (relative, hein) et étrange nous donne envie de nous retirer sur le côté du dancefloor, sortir une pipe (de préférence bourrée à la mescaline), une édition poussiéreuse de De l'autre côté du miroir, et d'observer l'assistance en silence, d'un œil à la fois trouble et bienveillant.
Acronym "Siege" (Northern Electronics)
Et Acronym inventa "la techno liste de Schindler", qui donne envie de s'emmitoufler dans le plaid de Bobe Rivka en relisant Primo Levi et en pleurant toutes les larmes de son corps en attendant la fin du week-end. Dans quel état on sera lundi matin? "אלוהים היחידי היודע כיצד הכל ייגמר."
Massimiliano Pagliara "I Am Running All My Drum Machines At Once And Dancing" (Uncanny Valley)
Le plus formidable étant évidemment que le morceau correspond très exactement à ce que son titre décrit.
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