Gesloten Cirkel "Asleep" (Viewlexx)
Trois bangers italo-déviants dont un remix douteux de "Let’s all chant" du Michael Zager Band et une reprise hard lo-fi du "The Force" des Droids : aucun doute, vous écoutez bien un various Viewlexx. I-F et sa bande entr’ouvrent la porte de vos plaisirs coupables et comme d’habitude, vous apercevez que ce qui s’y passe derrière, c’est tout simplement la fête. Et puis vient ce B2, bidouillé par le génial (on ne le dira jamais assez) Gesloten Cirkel, ritournelle acid belle et simple à pleurer, qui nous rappelle tout en finesse que les geeks d’Intergalactic FM excellent encore et toujours dans la case confidentielle de la musique pour robots tristes.
Merle "Mimi Like 2 Dance" (Stripped & Chewed)
Il y a une jolie histoire derrière cette réédition. L'original de la merveille qui s'étale sur la face B (en écoute ci-dessous) s'appellait "Fannie Likes 2 Dance", en hommage à la copine de Merwyn Sanders (membre fondateur des géniaux Virgo) à l'époque de la sortie du maxi. Mais comme Merwyn est, 15 ans plus tard, un homme marié et comblé, il a changé le titre en hommage à sa femme (la prénommée "Mimi") et réenregistré la piste vocale à son intention. Ce qui révèle au moins deux informations à son sujet: l'homme est très romantique, et sort exclusivement avec des femmes qui aiment se déhancher lascivement sur de la bonne house music de Chicago.
Beau Wanzer "Seedless Grins" (Beau Wanzer Records)
Le temps avance, les modes défilent, les suites de Terminator se suivent et ne se ressemblent pas mais un truc se perpétue envers et contre tout: régulièrement, aux quatre coins du monde, des geeks au coeur tendre et à l'esprit sombre se lèvent le matin, branchent leurs instruments vintage et improvisent un morceau de musique inspiré par les 4 minutes et 36 secondes que dure la scène de Terminator qui se passe dans le club Technoir. Pourtant, la musique qu'on peut y entendre (une ballade heavy glam de Tahnee Cain très générique et typique de l'année 1984) n'a absolument rien avoir avec le genre de techno brute de pomme agrémentée de bruits d'ossement et de voix de fantômes qui est 2 fois sur 3 le résultat de leur rêverie synthétique, comme si les images étaient puissantes au point de faire oublier la musique qui les accompagnaient. Big Up James Cameron, donc, et allons y gaiement pour "Seedless Grins", merveille technoirisante improvisée par ce gros geek de Beau Wanzer, fan de splatter notoire qui ne sera sans doute pas fâché qu'on l'écoute comme ça. Tout le maxi tue, sinon.
Sneaker "Gebet" (Lunatic Records)
Ce track est à la fois un gros truc de flemmard et exactement le morceau que je rêve d'entendre émerger du bordel techno depuis 15 ans: un beat sablonneux qui accompagne mollement mais sûrement l'Oraison pour ondes Martenot d'Olivier Messiaen, dont je me dis souvent (entre deux à trois fois par mois) qu'il est quand même mon artiste préféré de tous les temps. Je suis pas certain d'apprécier le genre de soirées dans lequel le truc pourrait provoquer l'hystérie sur le dancefloor, par contre.
Koehler & Kuno "Anti Gravity Switch (A Made Up Sound Remix)" (Berceuse Heroïque)
C'est dub, c'est techno, c'est hardcore, c'est trop lent, c'est trop dark, c'est viril, tout est dans la nappe d'azote liquide qui remonte des égouts et dans le gros coup d'amen phallique qui débarque une fois toutes les 4 mesures pour faire raffluer le sang dans les membres qui s'engourdissent... Mais, mais, c'est du dubstep en fait! Vous vous souvenez? Loefah, les premiers Kode9, Horsepower Prod, Plasticman avec un "c", les mecs en hoodie, le South East London qui s'aime avec dignité, les vidéos de soirées entre garçons qu'on regardait avec envie sur Youtube en 2006? C'était bien, hein? Quand même. On a beau dire. C'était bien.
Trevor Deep Jr. "Roba Rouge" (HPTY)
Salut à toi, le fan de deep house à queue de cheval et t-shirt en soie qui attend impatiemment que Ludovic Navarre donne enfin suite à son Tourist de l'an 2000. J'ai un petit treat pour toi. Ça vient de Finlande, c'est fait par un mec "mystérieux" et c'est un tout petit peu plus "violent" que le dernier single de St Germain mais je te jure que tu y trouveras ton compte d'ambiance blues trottoir et de positive vibes pour enfiler en toute tranquillité ton deux pièces De Fursac le matin après ta théière de genmaicha. Surtout, c'est dispo tout de suite pour la somme modique d'un disque vinyle normal et pas en 2019, dans un quintuple LP 360 grammes rangé dans un écrin à 300 balles tapissée de velours bio et illustré par un rejeton de Banksy anonyme édité par "Amours Chèvres", le nouveau label certifié 100% punk hippie chic monté par Matthieu Pigasse, JC de Castelbajac et José Bové.
Daniele Baldelli & DJ Rocca Kachiri "Kachiri – Ivan Smagghe Crossed Edit” (Nein)
Vous vous souvenez de cette époque où on pouvait lire dans Télérama ou Le Nouvel Obs des phrases comme "DJ Cam n'est pas un vulgaire disc-jockey de boîte de nuit comme on peut en écouter en Province. Quand il prend les platines, c'est pour raconter une histoire"? Eh ben je trouve que ce remix est super bien précisément parce qu'il raconte une histoire. Avec un début in medias res en forme de faux semblant, des détours, un coup de théâtre et un dénouement qui démontre que ce coup de théâtre n'était qu'un leurre. Pas par hasard qu'Ivan Smagghe s'épanche plus volontiers sur ses dernières lectures que sur le nouveau Low Jack. Il y a des jours où je l'envie.
Florian Kupfer "Untitled" (SAD001)
C'est le track polémique de la quinzaine, mais on a un peu du mal à comprendre pourquoi. Sans doute que Kupfer, affilié à L.I.E.S. et W.T. Records, a tapé dans le coeur du public deep house nazi et que ce dernier attend autre chose d'un bon track de deep house nazie qu'une boucle hasardeuse de Sade qui roule à l'infini sur un kick cracra? Quoi qu'il en soit, ce n'est ni le pire ni le meilleur morceau de deep house qui sample Sade et on ne serait pas malheureux de danser lascivement dessus avec la mère d'une amie au prochain mariage où on est invité, en juillet.
Joel Graham "Geomancy" (Music From Memory)
Enregistrée en 1982 et prochainement rééditée en maxi par l'excellentissime label amsterdamois Music From Memory, cette petite merveille de proto-techno tubulaire et rêveuse évoque illico ce jour où l'on a entendu pour la première fois les mirifiques Ten Ragas to a Disco Beat de Charanjit Singh ou l'"Ultrabase" du Français In Aeternam Vale. Totalement inconnu au bataillon même des aficionados de synth bidule du début des 80's, le Californien Joel Graham n'a que deux cassettes à son actif respectivement sorties en 1984 et 1985, mais si tout ce qui s'y trouve est de l'acabit de "Geomancy", sa redécouverte devrait faire des vagues un peu partout où l'anthologie d'inédits de Patrick Cowley a fait des vagues il y a deux ans - des diggers du dimanche jusqu'aux jeunes producteurs techno bruitiste aux idées longues. On se réjouit.
AnD "Power Spectrum (Sleeparchive Remix)" (Electric Deluxe)
Idée de génie pour cette grosse bourrinade du trop rare Sleeparchive: faire ressembler tous les sons du morceau original à des bruits de crash automobile. Ne pas s'étonner donc si vous ressortez de la première écoute avec l'impression d'avoir dévalé une montagne en tonneaux ou d'avoir joué à Lotus 2 toute une nuit.
Surgeon "Techno Blush" (Tip Top Audio)
On peut difficilement faire moins sexy qu'une compilation de morceaux de musique électronique enregistrés sur synthétiseurs modulaires commandés par une société dont l'activité principale est de fabriquer des synthétiseurs modulaires. Exception qui confirme la règle, la première compilation de la firme californienne Tip Top Audio affiche un tracklisting geek à 23% seulement puisqu'aux côté de l'hypergeek Richard Devine, on trouve KiNK, Blawan ou donc Surgeon, qui est sans doute la personne la mieux placée sur la terre pour faire un morceau de techno intéressant avec un synthé très compliqué et qui nous le prouve pépouze avec ce petit bolide brûlant auquel on peut sans doute reprocher pas mal de choses (le kick est un peu mou) mais certainement pas d'être une démo de synthé améliorée. Tip. Top.
Rødhåd - Im Glanz Des Mondes (Dystopian)
Jolie odyssée tout-en-un (soundscapes en stéréo + nappes + kick) que nous propose là le gars Rødhåd: inspiré par quelques réminiscences d'une lecture enfantine de Jules Verne ou d'Edgar Rice Burroughs et un gros rush de nostalgie, il nous ramène quatre ou cinq ans en arrière, quand le gros truc dance du moment était l'album collectif de Sandwell District et qu'il était encore autorisé à passer de l'ombre à la lumière dans le même morceau techno. Nous aussi, on est nostalgique, du coup.
Art Crime "Eye Contact" (Phonica)
C'est fou comme les presets de synthé moches ont la cote en ce moment. Pendant qu'à Paris, la jeune garde cherche le frisson avec des sons d'ocarina, le duo russe Art Crime a vraisemblablement décidé de construire toute sa carrière sur le son de piano de Robert Miles. C'est bizarre, des fois, le zeitgeist.
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