B.Diego "Crack"
Si Maxmillion Dunbar maltraite la house à travers son label Future Times depuis maintenant une petite dizaine d'années, ce n'est pas à la manière des grands fossoyeurs industrialo-darkos que sont les Ron Morelli, Bill Kouligas et autres Will Bankhead de ce monde. Non, si Future Times maltraite les formes house les plus usées, c'est justement par de jolis truchements subtils et invisibles à l'œil nu qui échapperont peut-être aux observateurs pas très regardants, mais qui s'imprimeront assez durablement dans la rétine et dans le popotin pour qu'on revienne s'y ressourcer régulièrement, sans trop savoir précisément ce qui nous y aimante comme ça. Ce morceau de B.Diego paru sur un split avec OV il y a quelques jours me fait un peu cet effet-là. Est-ce la nappe de synthé océanique, cette manière de titiller l'oreille sans tout donner et de laisser tomber entièrement toute rythmique passé un certain moment après l'avoir mise en sourdine qui me plonge dans une extase aussi béate que bébête ? Aucune idée, et c'est d'ailleurs pour ça que je réappuie sur play.
Anthony Naples "Lekker"
Quand il n'est pas occupé à faire de la house "de calebute" (je crois que depuis que je l'ai découvert sur Mister Saturday Night avec son premier maxi Mad Disrespect, qui tournera à jamais sur ma platine, pour une raison que j'ignore d'ailleurs, j'associerai toujours son nom avec la flemme et le dimanche après-midi), le New-Yorkais Anthony Naples sort de la house plus "compliquée" chez Trilogy Tapes. Enfin pas trop cette fois : cette nouvelle "tranche de vie" (quelle horreur ce titre, on dirait un film de Remi Bezançon) de bonheur pas trop fort ni trop cru contient de quoi à la fois préparer votre week-end de déglingue et vous remettre de votre week-end de déglingue. Vous me suivez ?
Lindstrom "Closing Shot"
Lindstrom continue à creuser le sillon qu'il trace depuis quelques années avec son BFF Todd Terje, la bande-son pour boire des Mojito sur une plage jupitérienne – même si dans l'immédiat ce sera du café froid dans un bureau de l'est parisien. En plus de prouver que l'on peut s'appeler Hans-Peter et faire du disco de feu (on a connu un Jean-Marc comme ça dans le temps), "Closing Shot" nous offre une respiration cosmique bienvenue en cette fin de semaine qui commence à s'éterniser un peu. Merci Hans-Peter.
Banda de Pifanos De Caruaru "Cavalinho Cavalao"
Si le DJ est bon, "Cavalinho Cavalao" arrive à ce moment de la nuit où les les lignes se brouillent, où vous commencez à embrasser votre voisine (ou voisin) de droite sans vous être présenté au préalable, où votre pote qui est persuadé qu'il sait danser commence à lâcher ses meilleurs pas hip-hop super flingués et où celui qui est fan de noise suédoise part furieux en jurant qu'on ne le reprendra plus à vous suivre dans vos soirées puputes. Bref, exactement tout ce qu'on demande à un bon morceau de house de carnaval.
Nick Klein "The Party Has Been Over"
Il est 8 heures du matin, les cotillons sont tombés, le maquillage dégouline et la guirlande a cramé. Nick Klein se frotte les paupières, daigne se relever et dégage les cadavres de bouteille à ses pieds. Il bombe le torse, veut montrer qu'il est le plus vaillant et le plus gros "bonhomme" dans la pièce. Et puis plus rien : ça fait trente secondes qu'il dort debout.
Je ne suis pas sûr qu'on ait déjà parlé de Fantastic Man sur The Drone et c'est bien dommage. Pourtant, depuis 2011, L'Australien déroule régulièrement des plages de house délicieusement languissantes, croustillantes jusque ce qu'il faut dans la production et qui ne s'embarrassent pas d'essayer de trop vous prendre par la main ni de vous la faire à l'envers. C'est d'ailleurs un peu l'un des seuls qui puisse se permettre de titrer un morceau baléarico-cocotier "Seaside Special" et de ne pas avoir l'air d'un gros cave qui essaie vainement de choper sur la plage. C'est paru sur Permanent Vacation cet été dans une compile aux côtés de seconds couteaux, d'outsiders et de vrais champions du genre, et ça doit faire 4 ou 5 fois que je me repasse le disque en boucle.
Sultan Shakes "Interstellar Love (Young Marco's tribal thubb)"
Une photo qui fait référence au plus mauvais Indiana Jones de la première trilogie (oui malheureusement il risque d'y en avoir d'autres), une avalanche de bongos, tam-tams et autres percus rehaussées d'un kick rond et d'une ligne de basse "lascive" qui n'attendent que la nappe de synthé pour asseoir leur emprise. C'est le genre de morceau à quitte ou double, qui vous regarde droit dans les yeux en agitant le petit doigt et en faisant la danse du ventre au ralenti et qui n'arrêtera pas tant que vous ne daignerez pas vous lever de votre chaise pour la rejoindre sur la piste de danse. Allez-y champion, vous êtes au pot de départ de Claudine du service compta du Crédit Mutuel de Jouys-en-Josa, vous pouvez tout vous permettre.
Id!r - Monday
On peut écrire, faire des documentaires, des tribunes, ouvrir des clubs, en fermer, manifester pour, contre, au milieu... Le principe d'un bon morceau techno restera toujours le même : un pied, une snare, un hat, une ligne de basse. Si on est d'humeur Peter Gabriel on peut éventuellement pousser jusqu'au synthé et à la corne de brume, mais pas beacoup plus. On remercie le producteur parisien Id!r de nous avoir rappelé cette élémentaire vérité.
Acidone "Acid Rant"
Il y a un mois, en voyage à Chicago, j'ai rendu visite à Kevin Starke aka Jackmaster Hater, une des figures emblématiques de l'underground de la ville berceau de l'acid house, tenancier du magasin KStarke et patron du label éponyme. Je lui ai demandé de me faire écouter des disques pas forcément distribués en Europe, des choses anciennes comme des choses récentes. De la pile d'une cinquantaine de disques qu'il a mis entre mes mains, voici l'EP le plus intéressant et il date de 2016. Acidone est un producteur un peu mystérieux de Toronto qui fait de l'acid aussi tordu que stupéfiant. Avec sa structure un peu bancale et ses arrangements qui osent déborder du cadre habituel d'un morceau pour DJ, c'est de l'acid qui tache et à chaque fois que je le joue en soirée je suis toujours étonné de voir à quel point les gens sont à fond sur un morceau si tordu. Comme quoi. Pour ne pas briser le mystère, le morceau n'est pas en écoute en entier en ligne mais vous pouvez le découvrir avec d'autres productions par Acidone dans cette vidéo YouTube.
Acid Foutain "Dreaming / Drumming"
Fondateur du label de cassette Hylé Tapes dont on vante souvent les faits d’arme en ces pages, le musicien français Richard Frances est aussi accompagnateur du poppeux Adrien Soleiman ou de Julien Lheullier pour son projet kraut kosmische Pointe du Lac. En septembre dernier, il sortait une cassette sous le nom de son projet solo Acid Fountain, Sabina, improvisations techno et ambient expérimentales enregistrées en une prise en forme d’appels à la nature. Le morceau "Dreaming/Drumming", qui rappelle un peu les premiers Autechre, ferait d’ailleurs probablement un tabac dans un jardin partagé.
Marc-Aurèle Baly, Arthur Cemeli, Edouard Isar.
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