Vu de loin, dans une semi-veille postprandiale ou les deux pieds dans le torrent des clips indie rock qui nous arrivent tous les jours, la vidéo de "Desintegração" pourrait n'apparaître que comme un clip Instagram de plus. Hors il n'en est rien. Car au contraire de la plupart des clip Instagram, c'est un clip Instagram réussi.
Son secret? Plutôt que de faire chauffer les plugins After Effects et le CPU de l'ordinateur, ses belles spirales psychédéliques ont été réalisées avec des vraies vieilles caméras vidéos, du genre qui intéressent tellement peu le Monde Contemporain qu'on a du mal à retrouver leurs traces sur Google (on relaie pour les nerds: une National M1 et une Saba VHS C).
Surtout, à l'inverse de 98% des faux clips vintage avec des beaux barbus qui grattent du ukulélé dedans, le geste n'est pas gratuit. A l'instar d'un Ariel Pink, Axel Monneau nourrit une vraie lubie pour la bande électromagnétique et la pellicule (il est projectionniste) et a un vrai projet alchimique à honorer: le monumental Super Forma, montagne magique de pop à obédience globale et omnipotente dont on ne vous a pas beaucoup parlé ici pour la simple et bonne raison que tout le monde l'a déjà fait ailleurs.
Entre une visitation de Maritie et Gilbert Carpentier et un pétage de plombs psyché sur Rede Globo, "Desintegração-le-film" (réalisation Noé Bach) montre le OCS trio (feat. Jérôme "Lorinho Sean Berg" Lorichon derrière les fûts) en plein envol psychotrope. Et une fois n'est pas coutume, l'architecte derrière le labyrinthe paye un peu de sa personne. Alors à l'avenir, plutôt que d'hésiter entre les bienfaits et les méfaits de la rétromanie générale, tentez donc la tangeante. L'obsession passéïste, c'est comme le choléstérol, il y a la bonne et la mauvaise. Il suffit de séparer le bon grain de l'ivraie.
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