Opéra Mort : Dédales

On prend toujours un plaisir certain à contempler nos peurs irrationnelles, à les disséquer, à s'effrayer juste pour voir dans quelle mesure on est effectivement capable de le supporter. M'imaginer perdue dans la forêt alors qu'il s'agit de l'une de mes plus grande peur (une lecture précoce de La Petite fille qui aimait Tom Gordon de Stephen King m'a permis de déterminer avec précision de quelle manière je finirais inévitablement par mourir de faim ou tuée par un ours-divinité des bois) et j'y pense pourtant au moins une fois par jour avec ravissement. C'est Hobbes qui a le mieux théorisé avant la psychanalyse cette "peur fondamentale" qui indique que toutes les angoisses de l'homme seraient des déclinaisons d'une peur initiale de la mort. Si la théorie ne vous est pas familière, l'écoute du disque ci-dessous devrait élégamment vous rappeler à votre condition d'être mortel terrorisé.

Car c'est exactement ce genre de plaisir compliqué que procure le Dédales d'Opéra Mort: la sensation de regarder du dessus un panier de couleuvres de toucher ce qui nous angoisse du bout de doigts, de le manipuler, d'imaginer le pire sans évidemment rien risquer. A la hauteur d'une édition chez Touch (si le premier morceau de l'album ne te fait pas penser à un morceau d'Oren Ambarchi, va vite écouter celui là) Dédales est sorti sur Alter, le label de Luke Younger aka Helm, noiseux londonien dernièrement signé chez PAN.

Duo parisien issu de la scène underground noise de l'underground parisien, ils sont également les deux tiers de Reines d'Angleterre dont le troisième n'est autre que Ghédalia Tazartès, explorateur éclairé de la musique concrète et de la poésie sonore. Pour son troisième album, Opéra Mort arrive à condenser en 8 morceaux tout ce que peut procurer la noise, le drone et les vocaux démoniaques presque industriels de terreurs enfantines du noir et de peur de l'abandon (dans la forêt).

Le Passage

Jouer juste après Ajouter à la liste