A la dernière Villette Sonique, les quatre Irlandais de Girl Band avaient impressionné. On ne sait trop si c'était les gesticulations grotesquement surjouées du chanteur poupin Dara Kiely, la façon de prendre une bouteille de bière en guise de plectre du bassiste Daniel Fox ou leur reprise dantesque du Why They Hide Bodies Under My Garage de Blawan, mais quelque chose nous disait que leur post-punk teigneux valait bien mieux que la plupart des relectures 90's à guitares de ces dernières années. Pas exactement dans la rupture, mais plutôt en usant de subtils décalages et écarts de conduite (étirer les temps et les instants noisy, ne pas hésiter à plonger les mains dans le cambouis no wave- pas grand chose mais juste assez pour créer un début de désordre), Girl Band arrive avec peu de moyens (et beaucoup de boucan) à distiller une sorte de danger qui manque à pas mal de formations qui tabassent aujourd'hui.
On vous parlait des Canadiens de Metz et de leur absence d'urgence, de nécessité et d'allant, symptomatiques d'un indie-rock aujourd'hui incapable de produire un discours qui se tienne ou de générer le moindre enjeu. Que ce soit via l'axe Pixies plutôt que Nirvana, leur propension à utiliser des effets plus proches de la musique électronique que du rock énervé à guitare, ou encore leur lacération minutieuse des structures du genre, il semblerait que Girl Band prenne une voie sensiblement plus rafraichissante et lumineuse que ses petits camarades. C'est justement par leur absence de référents concrets (ou alors tellement brouillés qu'ils en deviennent indéchiffrables) que le groupe peut arriver à se fabriquer sa propre histoire. Les quatre garnements n'en ont probablement pas grand chose à faire de Sub Pop ou de Big Black, et c'est peut-être tant mieux.
Après s'être fait les dents ces dernières années sur les scènes européennes et en publiant une tripotée de singles plus ravageurs les uns que les autres, Girl Band s'apprête à sortir son premier long format, Holding Hands With Jamie, à paraître le 25 septembre sur Rough Trade, et il risque de faire très mal. En attendant, on se mate le clip de "Pears For Lunch", deuxième extrait dévoilé, après le déjà très vandale "Paul".
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.