Gaika nous avait bluffés avec sa première mixtape Machine sortie l'année dernière. Dans un alliage futuriste de grime, de dancehall et de r'n'b, le rappeur originaire du quartier de Brixton montrait une vision cyber-dantesque du paysage urbain londonien en réveillant les affres des communautés anglo-caribéennes et des laissés-pour-compte d'une ville qui ne cesse de pointer vers les extrêmes de l'ultralibéralisme et de la démesure de la superbe.
Les assemblages multigenres et tourmentés de Gaika restent malgré tout difficiles à cerner. Sur Security, sa nouvelle mixtape sortie sur le label de Brooklyn Mixpak (Palmistry, Jubilee, Dre Skull...), le rappeur formé à la scène grime et garage de Londres revient en haro contre ses peines, causées par des raisons multiples : bouleversement socio-culturel de la capitale britannique, malaise post-traumatique lié à ses origines (Jamaïque et île de Grenade) et questionnements existentiels très bilieux.
Dans un braggadocio (= paroles de rap où le MC se vante à outrance) tantôt lyrique, tantôt sirupeux, Gaika s'invente une armure mégalomane et torturée pour faire parler toutes ces perturbations qui semblent l'assaillir sans relâche. Davantage pop et catchy que Machine, Security qui rassemble un panel d'invités en featuring (le chanteur Afrobeat Mista Silva, l'ex-chanteur de Kid British Bipolar Sunshine...) est traversée par une verve rebondissant sur des gongs ("Buta" en featuring avec le chanteur de reggaeton Serocee et la chanteuse de dancehall israélienne Miss Red) dont les échos semblent retentir sur les murailles d'une cité dystopique.
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