Chaque année depuis 1987, le festival South By South West a lieu à Austin, au Texas. A la fois série de concerts, cycle de conférences et festival de cinéma, il s'est progressivement imposé comme l'un des points de convergence de toute la planète indie, qui prend chaque été ses quartiers dans la ville du Sud des Etats-Unis pendant une dizaine de jours.
Si le festival a connu son lot de controverses au fil des années (dont une accusation récurrente depuis 2010 d'avoir viré au grand raout sans âme et de faire exploser le prix de l'immobilier d'Austin en favorisant l'arrivée de yuppies aux dépens des locaux), il se trouve depuis hier devant une situation qui dépasse les polémiques habituelles de gentrification galopante, de bières à 20$ et autres clubs trop remplis.
After looking through this contract sent to me by sxsw I have decided to cancel Told Slant's performance at the festival pic.twitter.com/rI2Xv0duJl
— Told Slant (@Felixixix666) 2 mars 2017
C'est Felix Walworth, le leader du groupe brooklynite Told Slant qui a allumé la mèche le 2 mars en postant sur Twitter un extrait du contrat qui devait le lier au festival. On y lit notamment que si "un artiste ou ses représentants agissent de manière à mettre en danger la viabilité du festival", l'équipe prendra une série de mesure coercitive dont celle-ci : "SXSW en informera les services d'immigration compétents en la matière." S'ensuite un rappel de la loi sur l'immigration et des mesures pouvant être prise à l'encontre des contrevenants, dont la "déportation immédiate." Décision de Walworth après lecture du contrat : boycotter le festival.
Le tweet est repris un peu partout, et le co-fondateur du festival, Roland Swenson ne tarde pas à réagir. Son communiqué tombe quelques heures après le tweet de Walworth. Il y rappelle l'engagement de SXSW à aider les artistes de chaque pays - des musiciens, réalisateurs et conférenciers de 62 nationalités étant attendus à l'édition 2017 du festival - à pouvoir se rendre à Austin, affirme n'avoir jamais dénoncé qui que ce soit aux autorités et assure que s'il figure bien dans les contrats, le paragraphe partagé par le leader de Todd Slant est antérieur de plusieurs années à l'accession de Donald Trump à la Maison Blanche. Le communiqué est disponible intégralement ici.
Pas assez convaincant pour bon nombre de labels et d'artistes dont Sheer Mag, Downtown Boys et Immortal Technique (liste complète ci-dessous) qui ont envoyé une lettre ouverte au festival dans laquelle ils se disent "outragés d'apprendre que SXSW ait pu menacer des artistes non-citoyens américains de mesures coercitives et de déportation." Ils ont trois revendications :
- Le retrait du paragraphe en question des contrats.
- Des excuses publics de la part du festival.
- L'assurance qu'il devienne "un lieu acceuillant pour chaque artiste, y compris les performers immigrés et internationaux."
La liste complète des signataires de la lettre (qui se lit ici) : Screaming Females, PWR BTTM, Downtown Boys, Aye Nako, Sheer Mag, Priests, Sister Polygon Records, Glory Fires, Evan Greer, Adam Torres, Don Giovanni Records, Merchandise, Flasher, Sadie Dupuis/Sad13, La Neve, Helado Negro, Malportado Kids, Try the Pie, Crocodiles, AJ Davila, Hari Kondabolu, Allison Crutchfield and the Fizz, Pygmy Lush, Vagabon, Patrick Ferguson, Yucky Duster, GLUE, Immortal Technique, Shannon and the Clams, Ceremony, Dark Blue, Hank Wood and the Hammerheads, Jay Som, Emily Reo, Girlpool.
On le voit, la situation continue de se tendre de l'autre côté de l'Atlantique, et personne ne semble prêt à baisser la garde. Notre interview de Downtown Boys concernant la place des cultures alternative dans l'Amérique de Donald Trump est disponible ici, leur titre "Wave Of History" s'écoute ci-dessous.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.