D'emblée, le très bizarre quatrième album de Paul Régimbeau nous fait plaisir pour une très singulière raison: le public auquel il s'adresse n'existe pas encore.
De plus en plus profondément embourbé dans le doom, le sludge et le black qui fait chialer (rappelons qu'à ce jour, Mondkopf peut se targuer d'être le seul artiste à avoir exhibé un autocollant Eyehategod dans une session Boiler Room), toujours obnubilé par les orgues d'église et les kicks en béton armé, le Français ne se contente plus en effet de touiller intros d'albums d'Emperor, nappes saturées et gros kicks dans un chaudron en cuivre, il accouche d'un monstre totalement idiosyncratique et monstrueusement personnel qui tourne à la fois le dos au public techno qui peuple les sabbats In Paradisum et aux peuplades adeptes de musiques sombres qu'on aurait pu, à une époque, le soupçonner de draguer.
Tout ça pour dire que la formule "techno big room + doom dépressif" n'a jamais semblé aussi boiteuse et mal adaptée à la musique de Mondkopf que pour cet Hadès rempli d'errances, d'espace et de matières abîmées (ce n'est pas par hasard que le plus beau morceau s'appelle "Absences"), sur lequel la plupart des grilles de lecture habituelles du disque de pop contemporain (électronique / pas électronique, rythmé / pas rythmé, mélodique / pas mélodique) demeurent totalement inopérantes.
Bien sûr, des correspondances existent (on pense pas mal aux meutes de loups du terrible By The Throat du sound artist australien Ben Frost) mais droit dans sa jeunesse, ses trompettes et son adorable sentimentalisme, Hadès est surtout étrange et sui generis à la folie.
Si on nous donnait une lampe à frotter et un souhait à émettre pour l'avenir de Mondkopf, c'est qu'il n'écoute plus rien d'autre que le Lohengrin de Wagner pendant sept, huit mois, histoire de voir quelle étrange satanerie en sortirait.
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