Comme 40% de ses auditeurs (on juge à la louche), notre estime pour la maverick britannique Mica Levi (interviewée en 2009 par David Pais, ça se regarde ici) a été multipliée par 500 le jours où on a vu Under the Skin pour la première fois. Rarissime cas de bande-originale marquante au point que 99% des spectateurs du film se souviennent autant de ses mélopées nauséeuses de mellotron que des images inouïes qu'elles ont été conçues pour illustrer, la musique d'Under the Skin a comme transfiguré le statut de Micachu de performeuse de pop inclassable en compositrice précieuse. La preuve en est le très étrange Feeling Romantic Feeling Tropical Feeling Ill qu'elle a fait paraître en cassette et en LP sur DDS, le label de Demdike Stare, et dont les fans médusés d'Under the Skin ont éclusé comme du petit lait toutes les excentricités. Le prochain album à paraître en septembre de son groupe Micachu & The Shapes promet d'être un peu plus raisonnable - il sort sur Rough Trade, pas Paimpol Records - mais le modus operandi qui l'a fait naître fait raisonnablement rêver: ses chansons auraient été éditées à partir de longues improvisations enregistrées à l'insu des gens du groupe par le batteur Marc Pell. On y croit qu'à moitié mais le premier extrait, "Oh Baby", est très beau, bien lourd, bien éraillé, surtout très habité. Alors nous, on se tient prêt.