Vous avez probablement la tête trop pleine à craquer de "Daft" et de "Punk" pour vous infliger une recherche google sur un artiste de "musique électronique française" alors laissez-moi vous présenter Marklion. Ça vaut le coup, je vous jure. Vous ne le savez peut-être pas, mais ce grand gaillard à cheveux longs fait partie ds gens qui ont révolutionné la pop électronique française (axe Jean-Jacques Perrey - Jacno - Discovery) pendant que vous, les Français, regardiez ailleurs. A l'époque, il faisait le séquenceur vivant dans DAT Politics, grand groupe lillois qui fut, à son pinacle créatif (les albums Plugs Plus et Go Pets Go) le plus grand groupe d'electropop du monde.
Et puis un jour de pluie, Vincent Thiérion est parti produire en solo, laissant DAT Politics à son destin de duo wock'n'roll. Les débuts se firent en premier sur la route et, en pleine époque des turbines, forcément près des dancefloors. Entre (re)montées d'acid et plateaux viking techno, c'était un peu tâtonnant mais toujours singulier, d'une énergie folle et toujours passionnant. Et puis le naturel aidant, Vincent s'est de nouveau entouré et a méchamment rechuté dans ses premières amours - Sonic Youth, les p'tites mélodies de quatre notes qui font chialer, la beauté brute des ondes carrées.
Désormais à la tête d'un label-coopérative (Alpage, dont tout est à découvrir), il fait de son Grande Camouflage (confusion des genres revendiquée) une sorte de manifeste. Très bien et très beaucoup entouré (les ex Konki Duet Tamara Goussakova et Kumisolo, Cercueil, Etienne Jaumet, les camarades de label DDXIE ou Antoine Pesle), il semble avoir composé le disque comme un repertoire d'humeurs et de climats, un morceau par couleur et quantité d'aigreur dans l'estomac: envie d'héroïsme et de poings fermés, pop songs héroïques, montées de libido, envies de sieste, envies de baston... Marklion compose avant tout pour se faire du bien et figurez-vous que ce n'est pas si courant.
De chanson en chanson, on retrouve bien sûr les amours du garçon à la pelle (novelty synthétiques à la YMO, electronica allemande, rétours à la house qui bave, un hommage à peine déguisé à la Girl/Boy Song d'Aphex Twin) mais ce qui surprend le plus une fois passée la ligne d'arrivée, c'est l'épaisseur et la précision de son coup de crayon: ecstatique, joyeux, trouble, Grande Camouflage est le son d'un artiste qu'on adore suivre depuis de nombreuses années et dont on peut enfin dire et se réjouire qu'il s'est finalement trouvé.
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