Dans l'absolu, Exorcism of Envy n'est pas une très belle chose. C'est plutôt une tambouille, une purée mal mélangée, une vilaine marine mal faite à la truelle et au couteau. Du haut de ce volcan, 30 ans de prescience et de sorcellerie nous regardent pourtant. Depuis que le Pop Group a volé en éclat à l'orée des 80s, Mark Stewart a enfanté avec les New Age Steppers ou sa Maffia (la bande Tackhead/On-U-Sound) à peu près tout ce que la ville de Bristol compte de gens, genres et sous-genres intéressants.
Mais c'est avéré par sa discographie, il préfère les remous aux froufrous, l'ébullition à la finition. C'est un inventeur, mais c'est aussi un vieux punk. Le deal, donc, c'est qu'il a beau être révéré depuis le milieu des 90s comme un pionnier intégral de la musique urbaine anglaise d'aujourd'hui (je vous laisse amasser les étiquettes dans votre tête), il n'a aucune raison de suivre, disons, David Sylvian ou Nick Cave vers la voie du zen ou de la raison.
Son but depuis les premiers jours du Pop Group n'est pas d'accoucher de la Beauté, mais comme le dit si bien Simon Reynolds (voir ci-dessous l'extrait du docu ON/OFF, réalisé en 2009 par le Danois Tøni Schifer), de foutre le feu à notre entendement. A cet égard, son dernier gros album en date, Politics of Envy, tenait presque de la séance de waterboarding. Amassant invités par milliers (tout On-U-Sound, les prêtres païens Kenneth Anger et Richard Hell, Primal Scream, Daddy G de Massive Attack, Factory Floor, Keith Levene de PIL...) et fantômes de rave, restes post punk, grosses guitares, dub, dub et encore dub, il faisait un bordel assourdissant, passionnant à l'échelle fractale, mais pas franchement ragoûtant ici-bas, chez les esthètes et les hommes de bonne foi.
La bonne nouvelle, c'est qu'à l'instar de l'Echo Dek de Primal Scream et Adrian Sherwood, la version dub est dix fois pire, donc dix fois plus passionnante encore. Comme du Meat Beat Manifesto au carré, Exorcisms of Envy (qui s'achète ici ou ici) en remet des couches et des couches dans les rouages et c'est, sinon une belle chose, un vrai feu de joie. On vous laisse voir jusqu'où vous êtes prêt à vous laisser violenter le palais.
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