Toutes les rééditions de Coil sont bonnes à prendre. Comme tous ceux qui se sont un jour intéressés à l'oeuvre délirante et pléthorique du duo anglais ont pu s'en rendre compte, ses cassettes, LP et CD sont en effet tous effroyablement difficiles à trouver en dépit des multiples rééditions officielles, semi-officielles ou complètement pirates, et de la tonne de vendeurs véreux qui en revendent des copies vites faites mal faites à prix prohibitif tous les jours sur les marketplaces spécialisés.

Pourtant, on n'y trouve pas que des cassettes dupliquées à la maison et des coffrets CD-R emballés dans de la peau humaine (on exagère à peine): sans la béquille Discogs, on pourrait citer une bonne dizaine de classiques avérés (on est des milliers de gothiques et de lecteurs d'Aleister Crowley du dimanche à trépigner du pied) qui mériteraient chacun leur réédition luxueuse sur Mute. Question de droits et d'héritiers trop compliquée? On va tâcher de se renseigner. En attendant, on se réjouit totalement de la réédition d'Expansión Naranja, item musical plutôt tardif dand la carrière du duo (2000) méconnu pour une bonne raison: ces deux morceaux se cachaient dans l'album d'un autre groupe très influent (on n'en avait jamais entendu parler) de la musique industrielle, Ford Proco. 

Originaire de Tijuana, Roberto "Proco" Castañeda et Wito Lavolt, ce duo qu'on présente ici ou là comme les "godfathers" de la musique industrielle mexicaine a croisé la route de John Balance et Peter Christopherson à la fin des années 90, à Los Angeles, à un concert de The Orb. Mutuellement emballés par leurs oeuvres respectives, les deux duos s'étaient promis de collaborer et la découverte du résultat 15 ans plus tard fait chaud au coeur autant qu'elle trouble.

Enregistrées à l'automne 1999, ces deux collaborations sonnent en effet coiliennes en diable (la chaleur acid house en plus), mais pour une raison plus mystérieuse qu'il n'y paraît puisque Balance et Christopherson sont arrivés après la bataille créative, se contentant d'ajouter voix et saxophone sur des architectures de nappes, bruits et rythmiques electronica presque terminées. Il n'empêche, l'ensemble et beau et précieux, en tout cas plus engageant pour la postérité que le clip de Body Count, réalisé par Christopherson, où apparaissent furtivement les deux musiciens mexicains et qui fut curieusement la première étape de leur collaboration.

Expansión Naranja sort incessamment sous peu sur Mannequin Records et se précommande sur le site du label.