Machinedrum est-il un escroc? Comme quelques-un de ses collègues de la Branche américaine de la bass music, ce petit vétéran de ce qu'on appellait autrefois l'electronica a retourné sa veste tellement de fois qu'on lui a longtemps prêté l'apparat d'un faiseur: parcours trop éclectique pour être honnête, disques par dizaines, déménagement tardif à Berlin... Et pour ce qui concerne précisément cet ensemble de particularismes esthétiques britannique que l'on range sous le chapiteau du garage continuum, on avoue froncer encore plus fort les sourcils dès qu'un citoyen né hors du Commonwealth fait semblant de prendre l'accent.
Mais tentons la justesse pour le cas Travis Stewart: le garçon est originaire de Caroline du Nord, c'est-à-dire tout près du coeur du Dirty South, pas loin de Miami, capitale nationale de la basse qui vrombit dans le coffre de la Chevrolet, et à moins de 3h d'avion de la Jamaïque. Il semblait donc à peu près logique que le nerd passe un jour d'Autechre à DJ Screw, puis de Three 6 Mafia aux écuries Hotflush ou Night Slugs. Vous savez quoi? C'est exactement comme ça que ça s'est passé.
Puis Planet-Mu a sorti le vraiment très réussi Room(s) et Machinedrum est devenu, seul, au sein de Sepalcure ou main dans la main avec le Londonien Om Unit, l'un des rares immigrés de la scène UK Bass à filer la gaule à la jeunesse des internets à peu près à chaque fois qu'il sort un truc. Et avec le succès irréel de la Juke sur les terres du Royaume qui le pousse dans le dos, le garçon n'a même plus à avoir honte de ses origines. Ou presque. Qu'est-ce qu'on en pense ici? On reste ambivalent, on aime beaucoup Room(s) et déjà un peu moins ses maxis récents, qui bouffent un peu à tous les rateliers du post-dubstep bourrin (cut-ups d'acappella rap, riffs piano house, relents jungle). On se dit surtout que le gars est encore en état de grâce et que ce n'est pas encore le moment de faire la fine bouche: sur ce mix plutôt finaud enregistré pour Dummy Mag, il a même déniché un superbe remix breakbeat old-school de Strings of Life qui date de 1994 et qui nous met en joie. Venez donc tâter le pouls du 17 mai 2012.
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